L’Affaire Kerviel déborde sur Boursorama et rebondit sur Twitter et YouTube
Le patron de la banque en ligne Boursorama a quitté ses fonctions à cause de la prochaine parution d'un livre dédié au scandale Jérôme Kerviel. Et il commence à se confier via Twitter et YouTube.
Samuel Génissel, un jeune agriculteur normand
Suite à la parution de l’article intitulé ‘Réduire la consommation de pesticides c’est possible’ nous avons reçu de nombreux commentaires de Samuel Génissel, un jeune agriculteur normand.
Nous en avons publié 2 mais j’ai souhaité publié le 3ème sous forme d’article car il témoigne des difficultés que peut rencontrer un jeune agriculteur pour diminuer sa consommation de pesticides. Je lui cède la parole :
Génissel Samuel, 31 ans
Je suis installé depuis sept ans en Normandie, sur une ferme laitière et céréalière. Je possède 45 vaches Normandes pour 260 000 litre de lait. Les mâles sont finis en boeuf, les femelles renouvellent les vaches soit 130 bovins à l’année (car les femelles et les boeufs sont élevés sur 30-36 mois).
La surface que je valorise est de 113 Ha avec 73 ha de culture (blé, 30Ha – maïs, 13,5 ha – orge, 12 Ha – tournesol, 10 Ha – luzerne, 8 Ha), 38 ha en prairies ainsi que 2 ha de verger pomme à cidre. J’ai un Bac s option écologie et un BTS Acse et fait des stages en Irlande et aux Pays Bas.
Dès mon installation, après un traitement contre le piétain-verse (1) j’ai eu envie de vomir, alors j’ai arrêté. L’année suivante Arvalis (2) déconseillait l’usage systématique de ce traitement, de rigueur à l’époque. Cela m’a rassuré alors j’ai repris le traitement en diminuant les quantités. J’avais déjà changé de pulvérisateur et le vendeur a conseillé de diminuer de 15% les doses car il était plus précis (le débit des buses se fait électroniquement et s’adapte à la vitesse). En même temps j’ai arrêté les insecticides aériens, j’ai aussi arrété le raccourcisseur sur le blé grâce à un choix variétal et un décalage de l’apport d’azote
Mais pour ce faire il a fallu que je change mon assolement (3). J’ai remplacé les pois par de la luzerne et le colza par le tournesol. La luzerne se désherbe rarement, la fauche suffit pour l’instant. Donc avec 6 ans de recul, zéro traitement. Quant au tournesol il demande juste un ou deux désherbages, mais son rendement est moindre. Je ne traite pas contre les pucerons du blé, orge ou tournesol car les dégâts (en Normandie) ne justifient pas le traitement. Le colza et les pois demandent au moins 3 insecticides et 2 désherbants et au moins un fongicide, pour rendre correctement. Il vaut mieux choisir des variétés un peu plus rustiques plutôt qu’un rendement qu’on n’atteint jamais.
De manière à valoriser les désherbants et fongicides (donc de diminuer les doses de 15 %), le mieux c’est d’avoir des hygrométries de 80% pour que la plante les absorbe (il y en a qui traitent le matin moi avec la traite je préfère le soir, donc pas de film ou internet au printemps). Le premier fongicide pourrait être remplacé par une sorte de vaccin à base d’algue. Je ne le fais pas encore. D’autres types de fongicides limitent de 20 à 30% la pression fongicide tout en apportant un engrais foliaire (j’essaye mais c’est cher).
J’ai deux points plus compliqués. Le premier concerne le traitement de semences contre les insectes qui les mangent. On peut le limiter sérieusement mais pas sur toutes les cultures de la rotation.
Le deuxième point ce sont les désherbants. Il faut maintenir la pression car si on laisse germer des chardons, des rumex des gaillets, des folles avoines on en a pour cinq ans à traiter plus ou à laisser le champ s’envahir.
Au final c’est plus de boulot (faut être réactif au temps, au vent, à la température, à l’hygrométrie) pour le même prix de vente.
Les labos vont gérés les fongicides et peut-être les insecticides (pièges) avec des composés naturels s’il y a de l’argent à ce faire. Mais honnêtement si il y a une chose pour laquelle je ne serai pas bio (avec le soin sur mes vaches. 2 interventions c’est trop peu. J’ai trop de parasites et maladies présentes) c’est arrêter de désherber. Les champs ce salissent très vite. Mes voisins bio laissent leurs champs se salir. Les éleveurs qui ont peu de céréales font le tour avec un sécateur et coupent les adventices (mauvaises herbes à notre production, car très envahissantes) à 5 personnes pour dix hectares. Hormis des immigrés personnes ne fera ce boulot et le coût de la main d’œuvre ne permet pas à mes voisins de le faire (hormis les éleveurs laits bio en grosses structures avec peu de céréales).
Mais dans le sud c’est plus facile car la pluviométrie plus faible limite les adventices (et les rendements) et le développement des parasites et maladies.
Par contre, réduire les produits phytosanitaires pourraient permettre comme pour les antibiotiques de limiter les résistances. Mes voisins ont des résistances à l’isoproturon (vieux désherbant blé) mais pas moi.
La lutte intégrée est dix fois plus complexes que mes pratiques. Il ne suffit pas d’arrêter de traiter. Il faut une connaissance très technique du milieu et des végétaux choisis comme la bande enherbée ou les haies le long des parcelles.
Je m’impose mes objectifs mais honnêtement j’aurai du mal à dire : faite comme moi, pour ce qu’on y gagne (économiquement). Mais il reste beaucoup de pistes à valoriser. On n’exploite aucunement les phéromones, les répulsifs limaces (validés en AB), ou l’utilisation de bactéries (non modifiés) comme parasites de certains insectes, voire la maladie cryptogamique. Avec un peu moins de généticiens et un peu plus d’écologue/agronome, la transition serait plus facile.
Honnêtement si vous voulez une agriculture écologique, faut vraiment commencer par l’exception alimentaire qui protégera autant les pays du sud que du Nord. Lula (4) et Chirac (ce n’est pas partisan) l’on déjà proposé car le meilleur moyen de garantir des pratiques plus écologistes c’est de maintenir une économie durable et un maximum d’acteurs agricole (de paysans). Car plus on a d’espace à gérer plus on simplifie le système, moins il est écologique.
(1) Maladie fongique des céréales (NDLR)
(2) ARVALIS-Institut du végétal, Institut de recherche appliquée en agriculture, met au point et diffuse des informations et des techniques permettant aux producteurs de céréales à paille (blé, orge, avoine, triticale, seigle, sorgho …), de protéagineux (pois, féverole, lupin), de pomme de terre, de maïs et de fourrages, de s’adapter à l’évolution des marchés agro-alimentaires et de rester compétitifs au plan international, tout en respectant l’environnement (NDLR)
(3) Rotation des cultures (NDLR)
(4) Président de la république du Brésil (NDLR)
L’Europe gardera plusieurs modèles de production laitière
L’Europe gardera plusieurs modèles de production laitière |
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10 juin 2010 Gaëtane Trichet Vu 147 fois |
L´Agriculteur de l´Aisne ![]() |
Publié dans Lait |
Quelles sont les pistes à suivre en production laitière avant et après l’arrêt des quotas en 2015 ? C’est à cette question qu’a répondu Stanislav Jas, lors de l’assemblée générale du syndicat départemental des producteurs de lait le 27 mai à Samoussy. |
2020 Les systèmes autonomes ou la complémentarité entre les productions
Développement basé sur les systèmes de production autonomes, systèmes bien réglés,
productifs. Economie durable (peu sensible aux intrants), moins vulnérable.
Les exploitations produisent leurs fourrages, leurs concentrés, leur paille. Elles sont économes
en intrants. C’est un système complexe, diversifié. L’agriculteur est à la fois éleveur et
cultivateur, il peut posséder plusieurs ateliers en production animale. Il a des contraintes
d’organisation du travail, avec de la gestion de main d’oeuvre contraignante.
C’est un système en équilibre entre le système herbager et le système céréalier. Il peut
rapidement se transformer à l’occasion de l’arrivée d’un jeune, d’une reprise, car le capital à
investir est important et la gestion des relations humaines (salariés ou associés) n’est pas
simple. Ce système est aujourd’hui « poussé par un vent contraire » pour se spécialiser et être
plus rentable à l’heure de main d’oeuvre, donc avec une perte globale de production.
Postulat : on recherche la diminution des intrants et la baisse des charges opérationnelles.
Les bovins sont produits à l’herbe, sans azote et avec très peu de concentré. Il y a baisse de
productivité par vache.
Les assolements sont allongés. L’herbe est cultivée : foin, ensilage.
La production de viande s’extensifie. Avec des céréales chères, les ateliers d’engraissement
spécialisés n’ont pas le vent en poupe.
Descriptif
:
Ce scénario serait favorisé par une crise importante où l'augmentation du prix des produits
agricoles est très insuffisante pour compenser la flambée des intrants. Par conséquent, les
productions intensives (taurillon, lait hors sol...) et les systèmes spécialisés (tout herbe ou
100% céréales) sont remis en cause. Les agriculteurs cherchent à maximiser la
complémentarité entre production céréalière et élevage (céréales et paille pour l'élevage en
contrepartie du fumier pour les cultures). Les systèmes de polyculture élevage, adossés sur
plusieurs ateliers, résistent mieux à la volatilité des prix que les systèmes spécialisés. Les
éleveurs se reposent d'avantage sur l'herbe en optimisant la valorisation des surfaces par une
meilleure gestion du pâturage et la récolte de fourrages de qualité. Les chargements se situent
autour de 1,25 UGB/ha d'herbe, ce qui correspond à des systèmes autonomes en fourrages,
avec un faible niveau de fertilisation (0 à 30 u d'N/ha). Optimisation de la valorisation des
déjections animales en tant qu'éléments fertilisants. L'ensilage d'herbe est utilisé dans
certaines rations hivernales pour les vaches laitières. L'ensilage maïs est en régression
(conservé uniquement dans la moitié des systèmes laitiers et jamais en ration complète). Les
céréales autoconsommées sont préférées à l'achat d'aliments du commerce.
1. Installation / transmission
Pas d'accélération de l'agrandissement dans ce scénario; certains hésitent à reprendre des
surfaces éloignées du siège de l'exploitation; ce qui laisse des opportunités d'installation à
d'autres. La rentabilité des exploitations repose sur la technicité des agriculteurs pour produire
à faible coût, mais pas forcément sur de gros volumes.
En terme de transmission, des systèmes à taille modeste qui restent rentables dans ce scénario
sont plus faciles à transmettre.
2. Social
Ce scénario préserve un nombre d'exploitation et une main d'oeuvre agricole relativement
importants. L'orientation vers des systèmes de polyculture élevage multiplie les compétences
nécessaires et la charge de travail avec le nombre d'ateliers. Cependant, la recherche de
l'autonomie conduit les éleveurs des systèmes les plus intensifs à réduire leurs effectifs
animaux et des solutions sont recherchées pour alléger la charge de travail (itinéraires
simplifiés sur cultures, monotraites, alimentation hebdomadaire...).
3. Impacts sur l’environnement
Pas de retournement de prairies ou très peu (uniquement dans les systèmes tout herbe qui
recherchent un peu d'autonomie avec quelques ha de céréales)
Moins d'intrants consommés (fuel, engrais, phyto...) et recherche d'économie d'énergie ou
d'énergies nouvelles pour alimenter le fonctionnement de l'exploitation tout en étant
favorables à l'environnement (photovoltaïque, récupérateur de chaleur, éolien...)
4. Territoire
Impact positif grâce au maintien des herbages et d'un tissu d'exploitations avec une diversité
de systèmes. Maintien des herbages et entretien du paysage. Maintien du tissu rural.
5. Filières
Impact négatif sur les filières et leurs opérateurs en raison de la recherche d'autonomie qui
entraine une diminution du nombre d'animaux et des quantités de céréales produites, avec une
baisse des consommations d'intrants (engrais, phyto, carburants, aliments du bétail...)
Des enjeux existent pour relancer des filières locales, compte tenu des coûts de transport
élevés.
Les atouts
:
Systèmes plus proches des attentes sociétales et qui peuvent prétendre à des mesures agrienvironnementales.
Systèmes qui évoluent vers une moindre dépendance, ce qui les rend plus robustes.
Complémentarité entre ateliers dans les systèmes polyculture élevage
Les contraintes
:
Accessibilité du pâturage
Parcellaire éloigné
Besoin de compétences multiples lié aux nombre d'activités différentes
Charge de travail nécessitant la recherche de solutions
http://www.haute-marne.chambagri.fr/kit/fileadmin/documents/elevage/prospective2020.pdf