Elles sont appelées « naturelles » parce que non ensemencées par l’homme, leur flore variée se reproduit d’elle-même. Source de très grande biodiversité, la prairie absorbe un maximum de CO2 par photosynthèse, empêche tout ruissellement par forte précipitation et piège les nitrates. De plus c’est une production fourragère économiquement productive ignorante des pesticides.
La FAO (Food Agriculture Organization) à Copenhague en décembre 2009 communique sur « les prairies qui ont un vaste potentiel inexploité pour atténuer le changement climatique en absorbant et en stockant du CO2 ».
A partir de 1992, la réforme de la PAC (Politique Agricole Commune) va offrir des aides conséquentes pour la culture du maïs et rien pour l’herbe, entraînant le retournement de près de la moitié des prairies naturelles.
Quelques années plus tard, la Commission européenne constatant les dégâts venant de ses propres décisions, impose aux états de recenser et de localiser les surfaces en prairies naturelles avec interdiction de les retourner.
Mais le 2 avril 2010, le ministre de l’agriculture écrit au président de la Fnsea l’informant que les prairies permanentes pourront être déplacées (c’est-à-dire retournées) « à condition de ne pas diminuer la surface globale nationale. (…) l’année 2010 deviendra l’année de référence pour le maintien des prairies naturelles ».
Du coup, tout ce qui restait de labourable va être labouré pour y faire du maïs avec insecticides, herbicides, arrachage de haies…Il faut profiter d’une fenêtre de tir, d’une opportunité qui ne se représentera pas !
Contactée par téléphone la direction départementale des territoires (la DDT ça ne s’invente pas) de l’Orne confirme : « S’il y a baisse de la surface, les agriculteurs seront obligés de refaire des prairies naturelles ».
On ne refait pas une prairie naturelle, elle se refait seule au fil des ans, et le temps n’est plus avec les paysans.