Se basant sur les travaux de l’agronome français André Voisin
Polyface Farm, ou comment comprendre la nature de la poule permet de produire de bons œufs Cet article est le premier d’une série dédiée à la mise en lumière des principes de la permaculture, à travers d’exemples de fermes. Aux quatre coins du monde — Amérique, Europe, Océanie, Asie — des Hommes ont appliqué la permaculture, sans même en connaître l’existence quelques fois, et je pense que nous avons beaucoup à apprendre de ces succès.
Polyface Farm, ou comment comprendre la nature de la poule permet de produire de bons œufs
Une production saine, écologiquement responsable et économiquement viable : c’est le tour de force que Joel Salatin a réalisé sur sa ferme en polyculture intégrée. Cette performance n’est d’ailleurs pas passée inaperçue, puisque le livre de Michael Pollan «The Omnivore Dilemma» (classé parmi les 10 meilleurs livres de l’année 2006 par le New York Times) consacre un chapitre entier à sa ferme, Polyface, qui fait également une large apparition dans le film «Food, Inc.» de Robert Kenner.
Reproduire les caractéristiques des écosystèmes naturels La stratégie utilisée par Joel Salatin est de mimer les modèles et les cycles des écosystèmes qui existent dans la nature. Par ce biais, les animaux de sa ferme vivent en exprimant leur nature, leur permettant de retrouver leur alimentation, leurs activités et leurs comportements sociaux résultant du processus évolutif de leur espèce.
L’étude des grands herbivores, comme les bisons des plaines américaines, révèle qu’ils se déplacent constamment : après avoir brouté une zone, les herbivores rejoignent une zone plus verte, laissant le temps à la première herbe de se régénérer. Joel Salatin organise sur le même principe une rotation de son troupeau de bœufs sur sa propriété* grâce à des enclos mobiles électrifiés. Se basant sur les travaux de l’agronome français André Voisin (Productivité de l’herbe, éd. France Agricole, 1957) traitant du cycle de croissance de l’herbe, Salatin a élaboré un cycle de rotation de six semaines pour ses prairies, l’herbe a précisément le temps de reconstruire ses racines et de repousser, avant que son développement la rende moins digeste pour le bétail.
Dans la nature, les oiseaux suivent les troupeaux d’herbivores, car ils se nourrissent des larves des parasites internes nichant dans les bouses. À Polyface, ce sont les poules qui jouent ce rôle. Salatin les déplace, grâce à une remorque appelée « tracteur à poules » (« eggmobile »), trois jours après que le bétail a pâturé sur une zone. Cette durée correspond à la période de croissance maximale de la larve, juste avant qu’elle ne prenne sa forme ailée. Cette connexion entre le bétail et les volailles est bénéfique sur plusieurs plans. Les poules s’autoalimentent de l’herbe tendre fraîchement coupée et des larves, elles réduisent ainsi considérablement le risque de persistance du parasitisme en cassant le cycle des vers, évitant au bétail de retrouver la maladie lors de son prochain passage sur la parcelle. Les poules étalent les bouses sur tout le terrain, en grattant à la recherche des larves, permettant une décomposition plus rapide des excréments, les transformant ainsi plus vite en humus, enfin elles enrichissent le sol de leurs propres déjections, riches en phosphore. L’éleveur n’a plus besoin de vermifuger son bétail et s’économise également la production ou l’achat de grain pour poules.
Cette synergie bétail-volaille n’est pas complète sans l’élément clef de cet écosystème agricole qu’est l’herbe. Joel Salatin se définit d’ailleurs comme un grass farmer («cultivateur de prairie») et s’est spécialisé dans l’étude et le choix des meilleures herbes et plantes fourragères. Lorsque l’herbe est pâturée, elle régule son système racinaire en s’en séparant d’une partie pour équilibrer son ratio racines/feuilles. Les couches successives des racines mortes permettent, suite à leur décomposition en humus, de régénérer la fertilité du sol, qui s’enrichit au fil des années.
L’observation des modèles de la nature a permis à cet éleveur de connecter intelligemment différents systèmes d’élevage. Grâce à ce principe, les bêtes tendent à se rapprocher le plus possible de leur comportement naturel, leur permettant ainsi d’avoir une autonomie alimentaire et une meilleure santé.
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Cet article est le premier d’une série dédiée à la mise en lumière des principes de la permaculture, à travers d’exemples de fermes. Aux quatre coins du monde — Amérique, Europe, Océanie, Asie — des Hommes ont appliqué la permaculture, sans même en connaître l’existence quelques fois, et je pense que nous avons beaucoup à apprendre de ces succès.
ou comment comprendre la nature de la poule permet de produire de bons œufs
Une production saine, écologiquement responsable et économiquement viable : c’est le tour de force que Joel Salatin a réalisé sur sa ferme en polyculture intégrée. Cette performance n’est d’ailleurs pas passée inaperçue, puisque le livre de Michael Pollan «The Omnivore Dilemma» (classé parmi les 10 meilleurs livres de l’année 2006 par le New York Times) consacre un chapitre entier à sa ferme, Polyface, qui fait également une large apparition dans le film «Food, Inc.» de Robert Kenner.
La stratégie utilisée par Joel Salatin est de mimer les modèles et les cycles des écosystèmes qui existent dans la nature. Par ce biais, les animaux de sa ferme vivent en exprimant leur nature, leur permettant de retrouver leur alimentation, leurs activités et leurs comportements sociaux résultant du processus évolutif de leur espèce.
L’étude des grands herbivores, comme les bisons des plaines américaines, révèle qu’ils se déplacent constamment : après avoir brouté une zone, les herbivores rejoignent une zone plus verte, laissant le temps à la première herbe de se régénérer. Joel Salatin organise sur le même principe une rotation de son troupeau de bœufs sur sa propriété* grâce à des enclos mobiles électrifiés. Se basant sur les travaux de l’agronome français André Voisin (Productivité de l’herbe, éd. France Agricole, 1957) traitant du cycle de croissance de l’herbe, Salatin a élaboré un cycle de rotation de six semaines pour ses prairies, l’herbe a précisément le temps de reconstruire ses racines et de repousser, avant que son développement la rende moins digeste pour le bétail.
Dans la nature, les oiseaux suivent les troupeaux d’herbivores, car ils se nourrissent des larves des parasites internes nichant dans les bouses. À Polyface, ce sont les poules qui jouent ce rôle. Salatin les déplace, grâce à une remorque appelée « tracteur à poules » (« eggmobile »), trois jours après que le bétail a pâturé sur une zone. Cette durée correspond à la période de croissance maximale de la larve, juste avant qu’elle ne prenne sa forme ailée. Cette connexion entre le bétail et les volailles est bénéfique sur plusieurs plans. Les poules s’autoalimentent de l’herbe tendre fraîchement coupée et des larves, elles réduisent ainsi considérablement le risque de persistance du parasitisme en cassant le cycle des vers, évitant au bétail de retrouver la maladie lors de son prochain passage sur la parcelle. Les poules étalent les bouses sur tout le terrain, en grattant à la recherche des larves, permettant une décomposition plus rapide des excréments, les transformant ainsi plus vite en humus, enfin elles enrichissent le sol de leurs propres déjections, riches en phosphore. L’éleveur n’a plus besoin de vermifuger son bétail et s’économise également la production ou l’achat de grain pour poules.
Cette synergie bétail-volaille n’est pas complète sans l’élément clef de cet écosystème agricole qu’est l’herbe. Joel Salatin se définit d’ailleurs comme un grass farmer («cultivateur de prairie») et s’est spécialisé dans l’étude et le choix des meilleures herbes et plantes fourragères. Lorsque l’herbe est pâturée, elle régule son système racinaire en s’en séparant d’une partie pour équilibrer son ratio racines/feuilles. Les couches successives des racines mortes permettent, suite à leur décomposition en humus, de régénérer la fertilité du sol, qui s’enrichit au fil des années.
L’observation des modèles de la nature a permis à cet éleveur de connecter intelligemment différents systèmes d’élevage. Grâce à ce principe, les bêtes tendent à se rapprocher le plus possible de leur comportement naturel, leur permettant ainsi d’avoir une autonomie alimentaire et une meilleure santé.
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