Viandes, lait, céréales, la grande distrib se goinfre
Viandes : prix en hausse pour le consommateur et en baisse pour le producteur
L’an passé, les industriels et la grande distribution nous avaient expliqué doctement que la valse des étiquettes s’expliquait par la hausse du prix des céréales, du lait et des oléagineux. Curieusement, le fait que le cours des céréales ait chuté de près de 51% en 2008, que les oléagineux aient perdu 38% et que le lait soit revenu à un prix abordable ne semblent avoir aucune incidence sur le caddy de la ménagère. L’INC pointe même des augmentations de plus de 12,5% sur certaines pâtes. La faute à qui? Industriels et distributeurs se renvoient ad nauseam la patate chaude...
Ce n’est pas tout. Le mois dernier, l’UFC que Choisir rendait publique une enquête sur le prix de la viande. Conclusion ? Si le prix du boeuf a augmenté de 50% entre 1990 et 2008, le prix payé aux agriculteurs a, lui, chuté de 15%. En 20 ans, la volaille s’est renchérie de 40% et le porc de 26% alors que les cours de ces viandes ont respectivement baissé de 7% et de 30%. De là à dire que la grande distribution a engrangé de confortables marges sur le dos des agriculteurs et des consommateurs...
C'est d'ailleurs sans doute pour les remercier de ces comportements vertueux que le gouvernement a accordé à la grande distribution le cadeau de la LME (loi de modernisation économique). Une bagatelle législative qui leur permet, notamment, de s’implanter plus facilement dans les centres villes. Pourquoi cette faveur ? Parce que plus de grandes surfaces induira nécessairement plus de concurrence et donc une baisse des prix , pardi ! Mais si cet argument était valable, comment expliquer alors qu’avec un hypermarché pour 46 000 habitants, les prix pratiqués en France soient plus élevés qu’en Allemagne qui ne compte pourtant qu’une grande surface pour 51 000 habitants ?
Marges arrières et paradis fiscaux
Même le député UMP Jean-Paul Charié président de la commission d’examen des pratiques commerciales, et rapporteur de la LME donc, peu suspect de gauchisme, déplore le peu d’effet de cette loi sur la baisse des prix! Le député épingle les pratiques de certaines enseignes de la grande distribution qui exigent que les fournisseurs leur versent des commissions sur des comptes sis dans des paradis fiscaux ou encore, que ces derniers signent des contrats « premium » assurant des marges de plus de 25% aux grandes surfaces !
Il faut croire que les pratiques occultes et les marges arrière ont la vie dure!
"Nourrir 9 milliards d'humains sans OGM, c'est possible"
Marc Dufumier explique en quoi consiste l'agroécologie.
Il s'agit de l'agronomie la plus efficace possible, basée sur nos savoirs scientifiques. C'est une agronomie savante et véritablement minutieuse, puisqu'elle doit tenir compte du fonctionnement global de l'écosystème. L'objet du travail n'est plus la plante seule, ni même le sol. C'est tout le travail conjoint par les cycles du phosphore, de l'eau, du carbone, de l'azote, sur lequel on va travailler afin d'optimiser la production, et nourrir 9 milliards de personnes en 2050. Dans l'agroécologie, il faudra utiliser au mieux les ressources renouvelables: le soleil, mais aussi le carbone et l'azote de l'air. L'agriculture écologique utilisera moins de produits issus de l'exploitation des ressources non renouvelables comme le gaz ou le pétrole, c'est-à-dire les engrais chimiques et pesticides.
Pourquoi la modification du génome (OGM) ne serait-elle pas la solution?
Pour la simple et bonne raison que la génétique n'est pas le facteur déterminant de la culture d'une plante dans la nature. C'est l'écosystème tout entier qui détermine un rendement optimal, c'est-à-dire une production maximum pour des coûts minimums. Nous ne pouvons absolument pas prévoir quelles seront les conséquences des cultures en plein champ d'OGM. En revanche, nous avons la certitude que ces derniers constituent de très fortes pressions de sélection sur les autres êtres vivants.
Avez-vous un exemple concret?
En Chine, pour éviter que les capsules du coton ne soient dévorées par les chenilles, on a cultivé du coton Bt [NDLR: composé d'un gène issu d'une bactérie produisant de la toxine botulique qui agit comme un insecticide]. Or, celui-ci a favorisé le développement d'une autre espèce de chenille, qui elle, mange les feuilles... mais a développé par ailleurs une résistance à la toxine. Résultat, les cultures ont été envahies par cette chenille qui mangeait à la fois feuille et capsule. Tout cela, malgré la modification génétique, pour en venir à l'épandage de nouveaux insecticides. Dans la mesure où les écosystèmes sont extrêmement complexes et que nous sommes loin de les maîtriser, les OGM ne peuvent être cultivés en plein champ. C'est trop risqué. On ne peut donc compter sur ces cultures pour nourrir les futures générations.
Mais en quoi les OGM sont-ils tellement différents des variétés créées par l'homme depuis le Néolithique?
En réalité, les OGM sont en totale continuité avec l'agriculture pratiquée dans les pays riches depuis un siècle et demi, et les pays en développement depuis un demi-siècle. C'est cette agriculture-là, qu'on appelle productiviste, qui a constitué une vraie rupture avec l'agriculture développée depuis le Néolithique. Autrefois, le paysan était maître de ses créations variétales. Dans un champ de maïs sud-américain par exemple, il choisissait les plus beaux épis, et parmi ceux-ci, les plus beaux grains, qu'il hybridait entre eux. Au cours de l'Histoire, d'autres critères de sélection comme le goût, la facilité de culture, se sont ajoutés, mais il restait un critère inaliénable: l'adaptation de la nouvelle variété à son environnement. Et non pas l'inverse! Et comme chacun faisait ces hybridations dans son écosystème, on est parvenu à une énorme biodiversité culturale, et animale.
Quand les choses ont-elles changé?
Lors de la révolution industrielle, les hommes ont commencé à investir d'énormes quantités d'argent dans la création de variétés. Pour amortir ces millions, ils ont dû vendre de très gros volumes de semences. Il a fallu évidemment mettre de côté certains critères de sélection, jusqu'à n'en garder plus qu'un : le rendement par hectare. En parallèle, les cultivateurs ont gommé les caractéristiques locales, rédhibitoires si l'on voulait cultiver sous toutes les latitudes, comme les différences de sensibilité à la durée du jour et de la nuit, qu'on appelle photopériodisme.
Ces plantes n'étaient donc pas adaptées à leur environnement?
Clairement, non. Et ce, d'autant plus qu'elles n'étaient efficaces que dans les conditions expérimentales dans lesquelles elles avaient été créées. A savoir, un environnement très contrôlé, sans cailloux ni insectes. Mais lorsqu'il a fallu cultiver en plein champ, ces plantes, qui n'avaient pas été sélectionnées sur d'autres critères que le rendement, n'ont pas résisté aux attaques de champignons, insectes, et maladies. D'où la nécessité des engrais et pesticides chimiques de synthèse.
L'agroécologie apporte la qualité, certes. Mais comment produire en quantités sans engrais?
Le soleil, l'azote, la potasse, le phosphore et les éléments minéraux sont aujourd'hui sous-utilisés, alors que ce sont eux, les vrais facteurs de croissance! Aujourd'hui, nos engrais azotés sont fabriqués par le gaz naturel de Russie. Les protéines qui nourrissent notre bétail viennent du Brésil. Nous pouvons faire autrement. Ces protéines peuvent être fabriquées par les légumineuses (luzerne, fèves, pois chiches, lentilles, trèfle, etc.), combinées à la rotation des cultures. Mis à part la rupture technologique, et le fait d'avoir franchi une barrière entre espèces, les OGM continuent dans la même logique que l'agriculture productiviste et ne résolvent rien. Croire que la production des pesticides par la plante elle-même permettra de s'en affranchir est une fuite en avant.
La Confédération veut une Pac plus équitable
Ses porte-parole bretons se félicitent du débat sur la redistribution des subventions européennes. Mais ils en redoutent l'issue.
Soutenir l'emploi agricole. La Confédération paysanne réclame une aide plus significative sur les cinquante premiers hectares « pour soutenir les moyennes et petites fermes. »Une bonne façon également d'épauler les éleveurs de porcs et de volailles moins bien dotés en aides Pac. « 17 000 emplois d'actifs familiaux ont été perdus entre 2000 et 2007,rappelle Thérèse Fumery de la Confédération d'Ille-et-Vilaine. L'agriculture a déjà été lourdement restructurée, il faut coûte que coûte maintenir les emplois dans la production. »
Un signe fort en faveur de l'élevage. Le syndicat veut conserver le couplage des aides aux productions animales seule façon selon lui de maintenir les élevages allaitants et ovins. Il souhaite parallèlement revaloriser les systèmes herbagers avec des subventions plus conséquentes à l'hectare. Il réclame aussi « une aide à l'introduction des protéagineux »dans les assolements des grandes cultures et une autre « pour l'introduction des légumineuses dans les systèmes fourragers ». Il demande, enfin, la prise en compte des surfaces en légumes dans la redistribution des aides.
« Barnier doit aller jusqu'au bout ». Le ministre de l'Agriculture s'est beaucoup investi dans le dossier du bilan de santé de la Pac. Il est à l'origine de la « boîte à outils » susceptible de redistribuer les aides. Pour cause d'élections européennes, il pourrait abandonner rapidement les dossiers agricoles et laisser le chantier de la Pac « à un nouvel arrivant qui débarquera complètement ».La Conf' souhaite « que le ministre finisse le travail et prenne des décisions avant de partir. »
Agriculture: Sarkozy jeudi dans le Maine-et-Loire
Avant d'inaugurer samedi le Salon de l'agriculture à Paris, Nicolas Sarkozy se rendra jeudi dans le Maine-et-Loire pour un déplacement sur le thème de "l'avenir de l'agriculture", annonce mardi l'Elysée qui précise que le président de la République sera accompagné des ministres Michel Barnier (Agriculture) et Roselyne Bachelot (Santé).
Le chef de l'Etat se rendra notamment dans une exploitation agricole à Daumeray), où seront évoquées "les problématiques de l'installation des jeunes agriculteurs, de la filière bovine et du respect de l'environnement". Il rencontrera également plusieurs exploitants agricoles sur le thème de la politique agricole commune (PAC), précise-t-on. AP
Pac : la FNSEA réclame 300 millions à l'État
Jean-Michel Lemétayer veut éviter les tensions entre les différents métiers au sein de la FNSEA. : Philippe Renault
Cette somme supplémentaire allégerait la facture des céréaliers. Et pourrait améliorer la vie des éleveurs. Jean-Michel Lemétayer s'en est expliqué, hier.
L'objectif défendu par le ministre Michel Barnier est de réorienter les soutiens économiques de la Pac (environ 9 milliards d'euros). Pour y arriver, il faudra bien prendre à certains bénéficiaires mieux dotés, comme les céréaliers, pour donner à d'autres moins bien lotis.
Très politique
Ce qui pose des problèmes à la FNSEA qui fédère toutes les productions agricoles. Pour calmer les esprits au sein du syndicat, Jean-Michel Lemétayer fixe un préalable au gouvernement. Il doit respecter ses engagements, à hauteur de 200 millions actuellement, affectés au développement rural, et mobiliser 100 millions d'euros supplémentaires.
Pourquoi ? Parce que cela permettrait de bénéficier des fonds européens issus de la modulation (prélèvement supplémentaire sur les aides économiques des agriculteurs). Des fonds qui ne sont dépensés que s'il y a cofinancement de la part d'un État membre.
À cette condition, il est possible, selon la FNSEA, de faire plus : aider l'agriculture biologique, par exemple. Les attentes du syndicat concernent aussi la « vraie reconnaissance » d'une politique de l'herbe, « sans remettre en cause » d'autres systèmes fourragers, comme le maïs ensilage.
En même temps, « ces prélèvements supplémentaires ne doivent pas seulement s'effectuer sur les exploitants de grandes cultures », plaide Jean-Michel Lemétayer. Un positionnement très politique qui lui permet de ménager toutes les sensibilités au sein de son syndicat.
La molécule qui sauve les bovins tue les abeilles
Apiculture. « Une intoxication à la Perméthrine, à des doses justifiant la mortalité des colonies ».
C'est un cri d'alarme qu'ont lancé, hier matin, les apiculteurs professionnels d'Ariège, réunis à la mairie de Serres-Sur-Arget. « Depuis décembre 2008, nous constatons des mortalités importantes de colonies d'abeilles dans des s secteurs différents, mais tous situés en zone d'élevage. En ce moment, les abeilles rescapées sont si peu nombreuses dans les ruches qu'elles n'arrivent pas à y maintenir la température nécessaire : les survivantes meurent de froid. Leur peloton, autour de la reine, est à peine gros comme une mandarine. Ailleurs, provision et couvain ont été abandonnés. Là, il n'y a plus que des cadavres d'abeilles. Des colonies entières ont, ici, été retrouvées vides. Selon les endroits, 50 à 80 % des ruchers sont perdus ». C'est ce qu'ont déclaré, hier, Bertrand Théry, l'apiculteur de Serres, membre de la commission nationale apiculture, rejoint par d'autres professionnels et des éleveurs de la Confédération paysanne 09. Sur les 30 apiculteurs professionnels de l'Ariège, 25 sont touchés par cette mortalité particulière.
Dès la fin de l'été, les apiculteurs avaient constaté une mortalité inhabituelle dans des zones de montagne sauvage, jusqu'ici épargnées. Le phénomène est allé en s'aggravant, pour culminer en décembre.
Intoxication à la perméthrine
« Après s'être interrogé sur nos pratiques apicoles, le fait que l'hécatombe se situe à proximité des zones d'élevage, nous a fait envisager que les désinfectants utilisés dans la lutte contre la propagation du moucheron qui transporte le virus de la fièvre catarrhale pouvaient être en cause, ont expliqué les apiculteurs. Nous avons alors effectué des prélèvements d'abeilles fraîchement mortes pour les envoyer au laboratoire d'analyses du CNRS, à Solaize. La conclusion est sans appel : intoxication à la perméthrine à des doses justifiant la mortalité des colonies ». On retrouve cette molécule dans les produits pulvérisés sur les étables et leurs abords, dans les véhicules de transport ; ce fut l'un des moyens de prophylaxie dans la lutte contre la FCO.
L'alerte ariégeoise dans le monde apicole régional et national, a fait remonter le problème. Actuellement, en France, concernée sur tout son territoire par la maladie de « la langue bleue », on constate des mortalités hivernales importantes d'abeilles. C'est le cas dans l'Aude, l'Aveyron, les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées-Orientales… mais aussi dans le Nord.
« Nous souhaitons que cesse la désinfectation et que l'on s'intéresse au renforcement des défenses immunitaires des troupeaux, ont dit apiculteurs et éleveurs présents à Serres. On a, jusqu'ici privilégié le souci économique non le souci sanitaire ».
Présent, le Directeur départemental des services vétérinaires, M. Jabert a annoncé qu'une mission d'évaluation composée de deux enquêteurs de la Brigade nationale d'Enquête vétérinaire et phytosanitaire (BNEVP) arrivait en Ariège, pour deux semaines. Objectif : effectuer la corrélation entre la mortalité observée et les pratiques de désinsectisation qui ont été mises en œuvre.
Appauvrissement des sols : retour sur la responsabilité de l'agriculture intensive et de l'urbanisation
AGRICULTURE - Actu-Environnement.com - 09/02/2009 Essentiel pour l'environnement, le sol est une ressource fragilisée par les activités humaines. L'agriculture intensive et l'étalement urbain contribuent à son appauvrissement. L'érosion et l'imperméabilité sont les principaux risques en France. | |
Le sol est en position d'interface dans l'environnement. Il échange en permanence des flux, que ce soit du gaz, de l'eau, des particules, et constitue donc un maillon essentiel de l'environnement, encore peu pris en compte aujourd'hui, analyse Dominique Arrouays, directeur d'Infosol à l'Institut scientifique de recherche agronomique publique (INRA). Produire les aliments, réguler le cycle et la qualité de l'eau, stocker du carbone, recycler les matières organiques, entretenir la biodiversité, fournir des matières premières… Les fonctions du milieu sol sont multiples et essentielles à la vie végétale, animale et anthropique. Au cours du temps, l'homme a plus ou moins profondément modifié les sols par la culture, l'industrie mais aussi l'urbanisation, entraînant parfois une fragilisation de ce milieu. Un milieu non renouvelable à l'échelle du temps humain, qui perd plus vite qu'il ne peut se reconstituer. La formation des sols est en effet très lente. Si la connaissance des sols est imparfaite aujourd'hui , d'après Didier Rat, chargé de mission au bureau des sols et de l'eau du ministère de l'agriculture et de la pêche, les spécialistes s'accordent pour dire qu'il y a une dégradation de la qualité des sols, avec un discours plus ou moins alarmiste… Pour Dominique Arrouays, les sols ne sont pas morts, il y a encore des milliards de microorganismes dans le milieu . Mais des menaces existent néanmoins du fait de leur appauvrissement. La Commission européenne en a identifié 8 en 2002. Selon Dominique Arrouays, l'érosion et l'imperméabilité des sols due à une « bétonisation » des territoires constituent les principaux risques en France. « Un grand département français disparaît tous les dix ans » sous le béton L'aménagement des sols, l'étalement urbain et l'industrialisation ont modifié la structure des sols. L'urbanisation mènerait ainsi en France chaque année à la perte de 60.000 hectares de sol sous le béton, soit l'équivalent d'un grand département français qui disparaît tous les dix ans, selon Demonique Arrouays. Une tendance qui s'accélère aujourd'hui et qui pose des questions de concurrence des sols notamment avec la fonction nourricière de la terre. Cette « bétonisation » mène également à une imperméabilité des sols qui perdent ainsi leur fonction de tampon et de filtre. Ce ne sont pas tant les villes qui posent problème que ce qui va avec : parkings de supermarché, infrastructures de transport, industrialisation… explique le directeur d'Infosol-INRA. L'érosion des sols, phénomène naturel, est lui aussi exacerbé par l'activité humaine. Ce phénomène constitue la principale menace en Europe (45 % des sols concernés) et en France (25 % des sols touchés). Selon l'INRA, la vitesse de formation d'un sol est de 0,1 à 0,02 mm par an alors que l'érosion moyenne exporte 1 mm de sol en un an. Si aujourd'hui l'érosion aurait tendance à diminuer en France du fait de l'augmentation des surfaces forestières, les grandes plaines limoneuses du Nord et du Sud Ouest sont particulièrement affectées par ce phénomène. L'érosion hydrique, causée par la pluie et le ruissellement, est la plus préoccupante. La contamination au plomb, mercure et autres traces métalliques est quant à elle liée à l'industrie mais aussi aux transports. A 100 km autour de l'agglomération parisienne par exemple, s'étend une zone de contamination diffuse au plomb principalement liée à la circulation automobile. Si en France le constat n'est pas alarmant selon Dominique Arrouays, les zones urbaines et industrielles constituent néanmoins des points noirs. Enfin, les scientifiques se penchent aujourd'hui sur les polluants organiques persistants liés à l'utilisation de pesticides, des produits qui peuvent s'accumuler dans les organismes vivants et qui sont encore peu étudiés. Agriculture intensive : asphyxie des sols et perte de diversité La baisse des teneurs en matière organique, la baisse de la biodiversité et le tassement des sols sont quant à eux prioritairement imputables à l'agriculture intensive. Ainsi, particulièrement en Lorraine, en Bretagne et en Franche Comté, l'intensification des pratiques agricoles mènent à une perte de matières organiques, ce qui influe directement sur la fonction de captage de gaz à effets de serre du sol. Un phénomène pas irrémédiable… Selon Dominique Arrouays, des études ont montré qu'en changeant les pratiques agricoles, on pouvait augmenter la présence des matières organiques et stocker dans les sols 2 à 3 millions de tonnes de carbone par an supplémentaires sur l'ensemble du territoire français. Le sol stockerait en France près de 3 milliards de tonnes de carbone dans les 30 premiers centimètres. La baisse de la biodiversité dans les sols est une menace soupçonnée par les chercheurs. Un phénomène pas irrémédiable non plus : alors que les systèmes de culture intensive mènent à une perte de diversité, les systèmes de rotation augmentent la présence de microorganismes et la richesse du milieu. Enfin, le tassement des sols, lié en partie à l'utilisation d'engins agricoles, mène à une perturbation des fonctions du milieu : filtration de l'eau, asphyxie des sols, échange de gaz à effets de serre… Si certains sols peuvent se restructurer naturellement ou grâce au travail de l'homme, d'autres, comme les sols limoneux pauvres en matières organiques, restent tassés. Une problématique peu présente dans la réglementation Le sol reste un milieu peut couvert par la science. Un grand inventaire devrait aboutir d'ici 2012 en France et accroître ainsi la connaissance sur cette problématique. La question de la protection des sols est également peu prise en compte par la réglementation. En France, il n'y a pas de réglementation globale et cohérente sur les sols, commente Didier Rat. On retrouve cette problématique dans la loi cadre sur l'eau, dans la réglementation relative à l'urbanisme mais la question de la protection des sols n'est pas au cœur de ces textes. A l'échelle européenne, un projet de directive sur les sols est en discussion depuis plusieurs années, sans pour l'instant avoir abouti. Le dossier a été néanmoins remis sur la table des négociations lors de la présidence française de l'Union européenne et a été repris par la présidence actuelle. A suivre… S.FABREGAT |
FDSEA : «La vaccination par les éleveurs»
Fièvre catarrhale ovine.. Pour Dominique Fayel, c'est une solution pratique, efficace et économique. Lorsqu'on lui parle vaccination contre la fièvre catarrhale ovine, Dominique Fayel, le secrétaire général de la FDSEA, ne mâche pas ses mots sur « la gestion nationale » de crise sanitaire. « Absence de cohérence globale » juge-t-il, pointant du doigt « la cacophonie, au sein de l'Europe et entre régions françaises ». Le défaut de vaccin pour le sérotype 8 ; l'attente, de l'ordre de six mois, de celui pour le sérotype 1 ; ou, plusieurs semaines durant, le défaut de règles de circulation identiques sur l'ensemble du territoire, sont autant d'illustrations.
Pour lui, l'épisode FCO et ses cafouillages n'ont cependant fait que « cristalliser un mécontentement plus vaste ».
Il rappelle que les éleveurs de bovins ont « au total subi cinq mois de suspension des exportations », qu'ils ont donc été « obligés de garder des animaux alors que les coûts alimentaires sont devenus exorbitants ». Bref, ils rencontrent de sérieuses difficultés économiques. Au passage, Dominique Fayel se dit ravi qu'une récente enquête de « Que choisir ? » crédibilise à point nommé le diagnostic économique de la profession. Selon cette enquête, le prix payé aux éleveurs de bovins viande a diminué de15 % sur dix ans quand le prix demandé aux consommateurs a, lui, augmenté de 50 %. Et il en va de même pour les autres productions…
bonnes raisons Ce contexte général explique le haut degré d'exaspération des éleveurs, redit Dominique Fayel qui souhaite que les éleveurs vaccinent eux-mêmes, comme beaucoup l'ont d'emblée souhaité. Cette solution jouerait en faveur d'un « apaisement » alors que les cafouillages évoqués plus haut ont « décrédibilisé la vaccination obligatoire ». Il invoque à l'appui des raisons d'ordre pratique, parle d'efficacité, justifie encore cette évolution par des motifs économiques. Pour un cheptel de 100 bêtes, la vaccination coûte pas moins de 800 €. Et « le taux de prise en charge va encore diminuer »…
Les vétérinaires seront-ils donc exclus du dispositif ? Non, nuance Dominique Fayel qui propose que ces derniers interviennent pour les animaux destinés à l'export, car leur certification est indispensable pour passer les frontières. En revanche, les éleveurs inoculeraient eux-mêmes le vaccin à leur cheptel. Ce qui soulagera une trésorerie déjà pas folichonne. « Il va falloir vivre avec la maladie, cinq à six sérotypes étant présents en Europe. Un compromis entre exigences sanitaires, économiques et des moyens de lutte réalistes et vivables pour les éleveurs doit être trouvé ». Compromis qui veut que les éleveurs vaccinent. « On mettra la pression » pour que ce compromis soit mis en œuvre « le plus tôt possible », avertit le responsable syndical.
Dès l'automne prochain
Hubert Marty, le président de la Fodsa, cette fédération des organismes de défense sanitaire de l'Aveyron, se dit «sur la même longueur d'ondes» que la Fdsea. Sa tournée dans les cantons le conforte dans son choix en faveur d'une vaccination volontaire par les éleveurs. «Volontaire» ? Dire «obligatoire» suppose que les vétérinaires l'assurent, précise Hubert Marty. Ce dernier informe que le conseil d'administration de la Fodsa s'est officiellement prononcé pour que les éleveurs reçoivent un feu vert des pouvoirs publics «pour la nouvelle campagne», soit l'automne et l'hiver prochains. «Je ne vois d'ailleurs pas d'autres solutions», conclut-il.
Lorsqu'on lui parle vaccination contre la fièvre catarrhale ovine, Dominique Fayel, le secrétaire général de la FDSEA, ne mâche pas ses mots sur « la gestion nationale » de crise sanitaire. « Absence de cohérence globale » juge-t-il, pointant du doigt « la cacophonie, au sein de l'Europe et entre régions françaises ». Le défaut de vaccin pour le sérotype 8 ; l'attente, de l'ordre de six mois, de celui pour le sérotype 1 ; ou, plusieurs semaines durant, le défaut de règles de circulation identiques sur l'ensemble du territoire, sont autant d'illustrations.
Pour lui, l'épisode FCO et ses cafouillages n'ont cependant fait que « cristalliser un mécontentement plus vaste ».
Il rappelle que les éleveurs de bovins ont « au total subi cinq mois de suspension des exportations », qu'ils ont donc été « obligés de garder des animaux alors que les coûts alimentaires sont devenus exorbitants ». Bref, ils rencontrent de sérieuses difficultés économiques. Au passage, Dominique Fayel se dit ravi qu'une récente enquête de « Que choisir ? » crédibilise à point nommé le diagnostic économique de la profession. Selon cette enquête, le prix payé aux éleveurs de bovins viande a diminué de15 % sur dix ans quand le prix demandé aux consommateurs a, lui, augmenté de 50 %. Et il en va de même pour les autres productions…
Ce contexte général explique le haut degré d'exaspération des éleveurs, redit Dominique Fayel qui souhaite que les éleveurs vaccinent eux-mêmes, comme beaucoup l'ont d'emblée souhaité. Cette solution jouerait en faveur d'un « apaisement » alors que les cafouillages évoqués plus haut ont « décrédibilisé la vaccination obligatoire ». Il invoque à l'appui des raisons d'ordre pratique, parle d'efficacité, justifie encore cette évolution par des motifs économiques. Pour un cheptel de 100 bêtes, la vaccination coûte pas moins de 800 €. Et « le taux de prise en charge va encore diminuer »…
Les vétérinaires seront-ils donc exclus du dispositif ? Non, nuance Dominique Fayel qui propose que ces derniers interviennent pour les animaux destinés à l'export, car leur certification est indispensable pour passer les frontières. En revanche, les éleveurs inoculeraient eux-mêmes le vaccin à leur cheptel. Ce qui soulagera une trésorerie déjà pas folichonne. « Il va falloir vivre avec la maladie, cinq à six sérotypes étant présents en Europe. Un compromis entre exigences sanitaires, économiques et des moyens de lutte réalistes et vivables pour les éleveurs doit être trouvé ». Compromis qui veut que les éleveurs vaccinent. « On mettra la pression » pour que ce compromis soit mis en œuvre « le plus tôt possible », avertit le responsable syndical.
Dès l'automne prochain
Hubert Marty, le président de la Fodsa, cette fédération des organismes de défense sanitaire de l'Aveyron, se dit «sur la même longueur d'ondes» que la Fdsea. Sa tournée dans les cantons le conforte dans son choix en faveur d'une vaccination volontaire par les éleveurs. «Volontaire» ? Dire «obligatoire» suppose que les vétérinaires l'assurent, précise Hubert Marty. Ce dernier informe que le conseil d'administration de la Fodsa s'est officiellement prononcé pour que les éleveurs reçoivent un feu vert des pouvoirs publics «pour la nouvelle campagne», soit l'automne et l'hiver prochains. «Je ne vois d'ailleurs pas d'autres solutions», conclut-il.
Congrès des éleveurs de bovins à Cherbourg - Le terrain pas toujours en phase avec la Fnb.
( Publié le 06/02/2009 à : 13H 11 min ) |
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Les nombreuses revendications des sections de région du syndicat, que suscite la mise en œuvre du bilan de santé de la Pac, risquent de ne pas être satisfaites. Et les décisions retenues de faire par conséquent des déçus.
Lors du congrès de la Fnb qui s’est tenu à Cherbourg, l’heure consacrée aux interventions des sections bovines régionales a été l’occasion de faire remonter au niveau national les doléances des régions. Et de constater parfois l’absence d’unanimité des éleveurs sur certains sujets. Ainsi, le bilan de santé de la Pac et le rééquilibrage des aides sont déclinés par chaque section en fonction des particularités et des sensibilités régionales. Seule l’instauration d’une prime à l’herbe de l’ordre de 150 €, rattachée au premier pilier, est revendiquée par toutes les sections. Pas son extension aux hectares de maïs fourragers. Le couplage de l’aide à 100% de la Pmtva est « un rempart contre la disparition de l’élevage bovin », défend la section de l’Ouest. « Aussi envisager un découplage, même partiel, reviendrait à jouer à l’apprenti sorcier ». En Normandie, où les Dpu sont élevés en raison des forts chargements en production laitière et en bovins viande, «la réallocation de la part découplée des aides reviendrait à un rééquilibrage de l’élevage vers l’élevage ». La section bourguignonne de la Fnb opterait plutôt pour une majoration de la Pmtva de 100€. La Normandie, pour un rééquilibrage reposant sur une franchise des Dpu pour ne pas remettre en cause l’historique. De nombreuses attentes à satisfaire Les sections régionales restent souvent attachées à des soutiens spécifiques à l’élevage qui prennent en compte certains particularismes. Les régions Paca et Bourgogne tiennent au maintien de l’Ichn et envisagent même de renforcer le dispositif existant. La région Centre propose, pour sa part, de créer une nouvelle Mae « zone intermédiaire » allouées aux exploitations polycultures- élevages.
En fait, les éleveurs attendent avec impatience les décisions gouvernementales sur le bilan de santé de la Pac. Mercredi, ils s'étonnaient que Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, venu à Cherbourg, continue à laisser planer un certain doute sur le taux de découplage de la Pmtva. Or, Bruxelles conçoit qu’un taux de couplage de 100% est essentiel pour reconnaître la spécificité de l’élevage bovin allaitant, français en particulier puisqu’il concentre à lui seul 40% du cheptel européen. En fait la question de fonds, selon Jean Pierre Fleury, le nouveau secrétaire général de la Fnb, réside dans le fait de savoir « si le soutien à l’élevage allaitant passera par une aide à la tête ou par une aide à l’hectare de fourrage avec un minimum de chargement ». Autres divergences Des divergences entre les sections sont aussi apparues sur la manière dont l’épidémie de Fco est traitée. Une proposition de fixer au niveau national le tarif d’intervention des vétérinaires a été émise par la section Nord-Est. « Nous voulons engraisser les animaux, pas les vétérinaires », a déclaré son représentant. Celle du ministre de « laisser aux éleveurs la possibilité de vacciner leurs animaux lorsque la vaccination est facultative et qu’elle ne nécessite pas de certification » a été bien reçue.. .
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