Agriculteur à Chéméré, Gérard Guilbaud vient d'installer une unité de méthanisation. À partir des déjections animales, elle produit de l'électricité et chauffe les poulaillers et la maison de l'éleveur.
L'initiative
C'est quoi la méthanisation ?
C'est un processus naturel biologique de dégradation de matière organique en absence d'oxygène. Il produit du biogaz (principalement du méthane) qui sert de combustible à un cogénérateur qui produit de l'électricité vendue à EDF. La méthanisation peut se réaliser en voie sèche (à partir de fumier solide) ou en voie humide (à partir de lisier). La méthanisation à la ferme en voie sèche est assez innovante. Marc Giraudet, éleveur de taurillons à Touvois, est l'un des premiers en France à l'expérimenter, dans des garages en béton, depuis mars dernier. Il est suivi aujourd'hui par Gérard Guilbaud à Chéméré. Les deux unités ont été conçues par Méthajade.
Pourquoi cet agriculteur s'est-il lancé dans la méthanisation ?
« Je cherchais l'autonomie en énergie et pour la fertilisation. Il s'agit aussi de préparer l'avenir », explique Gérard Guilbaud, éleveur de 140 bovins et de 33 600 volailles à Chéméré. Il y a dix ans il avait déjà installé une éolienne qui servait au pompage de l'eau. « Il faut être un peu militant pour se lancer... », confie cet administrateur de Terrena, porteur du projet « agriculture écologiquement intensive. » « C'est une diversification économique intéressante », explique Pierrick Michel, délégué territorial à la Chambre d'agriculture.
D'où vient la matière organique qui produit du méthane ?
Le projet mutualise cinq plans d'épandages dans un rayon de 2 km. Quatre agriculteurs apportent du fumier de vaches et de porcs. Et ils reviennent quelques jours plus tard chercher leur « digestat », résidus de la méthanisation. Celui-ci leur sert de fertilisant. Il est en partie « hygiénisé » et désodorisé. Mais il n'est pas encore reconnu par la réglementation comme produit normé. Gérard Guilbaud récupère aussi de la menue paille, généralement éparpillée sur les champs, et 600 tonnes de déchets verts de la communauté de communes Coeur Pays de Retz.
Comment ça marche ?
L'unité de méthanisation est un bâtiment rectangulaire dans lequel il y a quatre garages en béton de 12 m de profondeur, 6 m de large, chauffés au sol par du plancher-chauffant de maison. « Il monte le fumier en température à 38° C, explique l'agriculteur, propriétaire de l'unité. Du percolat (jus issus des plateformes et silos de l'exploitation) est aspergé par le haut sur le mélange fumier-déchets verts. Le mélange macère pendant 60 jours environ. Cela produit un gaz, qui servira ensuite à faire tourner le moteur d'un cogénérateur pour produire de l'électricité. Ce moteur chauffe également de l'eau qui va chauffer les garages, notre maison et le poulailler. » Le cogénérateur sera mis en marche la semaine prochaine. Le premier garage a démarré le 20 août.
Est-ce rentable ?
Au départ, ils étaient une quinzaine d'agriculteurs à y réfléchir. Finalement, Gérard Guilbaud a investi seul. L'investissement total s'élevait à 720 000 €. L'agriculteur est aidé à hauteur de 50 % par l'Ademe et la Région. « On avait fait le calcul, le temps de retour sur investissement était de 7 ans avec 30 % de subvention », note l'agriculteur.
Le biogaz produit alimente un moteur de 55 kW électriques et de 75 kW thermiques. L'électricité est injectée sur le réseau ERDF. Pour l'instant, la chaleur alimente les deux poulaillers de 800 m2 de l'exploitation, la maison des exploitants ainsi qu'un local de vente à la ferme.
Le tarif de rachat de l'électricité produite dépend de l'utilisation de la chaleur. Il y a un prix de base : 13 centimes le kW environ. Mais c'est la prime à la valorisation des déchets et la prime à la chaleur qui font la rentabilité de l'installation