Un troupeau de 70 vaches laitières empoisonné au minium (oxyde de plomb)Publié le 09 septembre 2008
2008
Yves Guillouet a perdu 68 vaches et 2 taureaux en moins d’une semaine. Un silo de drèches
de brasserie, pollué accidentellement au minium (provenant de fine de plomb), serait à
l’origine de cette intoxication alimentaire.
Enquêtes et expertises sont en cours. La machine judiciaire (au civil et au pénal) est en route.Si les niveaux de
responsabilités restent encore a déterminer, il ne fait aucun doute que le troupeau laitier de Yves Guillouet, éleveur à
Culey-le-Patry (14), a été victime d’une intoxication alimentaire. 68 vaches et 2 taureaux sont morts en quelques jours.
Plus une goutte de laitInstallé le 1er octobre 2005 au coeur de la Vallée de l’Orne, Yves Guillouet produit un quota
annuel de 470 000 litres de lait. Le 16 août dernier au cours de la traite du matin, il note une baisse significative de
production. “Je trouvais cela bizarre, se souvient-il. Mais il faisait froid, les vaches avaient mangé du foin et je venais
quelques jours auparavant de changer de silo de drèches de brasseries. Je me suis dit que la dernière livraison de
sous-produit était sans doute moins appétente”. Quelques heures plus tard, la situation s’aggrave. “Plus une goutte de
lait lors de la traite du soir. Des vaches à 25 litres qui ont chuté à 1 litre comme si elles s’étaient taries subitement au
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cours de la journée. J’ai noté également une vache qui est tombée dans le parc d’attente mais elle avait déjà glissé 2
mois auparavant”. Quelques minutes plus tard, une seconde vache s’écroule prise de convulsion. “Elle s’est calmée en
un rien de temps mais je me suis dit qu’il y a avait un gros problème”. Yves ne finira pas sa traite du soir. Il appelle un
voisin à la rescousse puis le vétérinaire de service en début de soirée. Un problème d’alimentation est déjà évoqué et la
décision de sortir les vaches au pâturage est prise. Dimanche 17 août dès 5 h 30, Yves Guillouet retire le reste de ration
(ensilage de maïs + drèches de brasserie) de la table d’alimentation. Il part chercher ses vaches : une est morte, 3 sont
immobiles. Il ramène celles qui peuvent suivre. Le vétérinaire de l’exploitation et son collègue, qui a assuré la
consultation la veille, sont également présents. On pense à une intoxication au plomb : “une batterie de véhicule
abandonnée dans le champ ?” Mais comment une batterie pourrait-elle faire autant de dégâts ? Le dimanche soir, 10
vaches au total sont morte. Le lundi 18 août, Yves Guillouet a le bon réflexe : il alerte les services vétérinaires et le GDS
(Groupement de Défense Sanitaire). Administration, gendarmerie, huissiers, experts investissent l’exploitation. Pendant
ce temps et alors que la ferme est mise sous séquestre, l’hécatombe se poursuit : 22 bêtes crevées le lundi soir, 51 le
mercredi. Il ne reste le vendredi que 10 vaches vivantes dont 5 restent au sol. En moins d’une semaine, 68 vaches (dont
5 finalement euthanasiées au nom du principe du bien-être animal) et 2 taureaux sont morts. Ne subsistent aujourd’hui
sur l’exploitation que 4 vaches (taries au moment des faits et qui étaient au pâturage) et les élèves.
L’enquête avancePlus de revenu et quasiment plus de boulot, Yves Guillouet est désormais dans l’expectative. Son
préjudice est estimé à 250 000 e et doit pendant ce temps faire face à ses annuités après une mise aux normes. Peu à
peu cependant, ses multiples interrogations trouvent leur début de réponse. Il appartiendra à la justice d’établir la vérité
et de déterminer les niveaux de responsabilités. Mais à ce stade de l’enquête, l’hypothèse de la contamination de
drèches de brasserie au minium lors du transport semble privilégiée. Dans les faits, un camion aurait chargé des fines
de plomb (qui au regard de la législation n’est pas un déchet mais un produit) au départ d’une usine de recyclage près
de Caen le 8 août dernier. Direction l’Allemagne où cette marchandise aurait été livrée le 12. Problème : la remorque
n’aurait pas été complètement vidée de sa substance. Direction ensuite la Belgique où le camion charge 25 T de
drèches de brasserie pour le compte d’un distributeur d’aliments français. Une marchandise qui sera livrée le 13 août à
Yves Guillouet.Dès le lendemain, notre éleveur incorpore le sous-produit dans sa ration. On connaît la suite.
Les bons réflexes d’YvesMême si un troupeau entier a été décimé, aucun risque sanitaire n’est à craindre. Yves a eu
les bons réflexes dont celui de ne pas livrer son dernier tank. Le plomb d’ailleurs ne passe ni dans le lait ni dans les
urines. Il a pu également compter sur le soutien du GDS qui a mis dès le lundi toutes ses compétences et ses
ressources à son service (lire ci-contre). Notre éleveur espère désormais rebondir dans les prochaines semaines et
reconstituer son troupeau. Un battant dont les parents ont traversé en 2001 l’épisode douloureux de la vache folle.
BVD
La détermination du statut permet d’évaluer le degré de présence de la BVD dans une exploitation, et ainsi de proposer des mesures préventives et/ou des analyses complémentaires.
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Elevage « B » :
Ces élevages ont peu de vaches séropositives, et sont à risques cliniques élevés en cas de circulation du virus BVD.
Elevage « C »
Ces élevages vivent une augmentation apparente récente du taux de vaches séropositives. Cela peut être lié à une vaccination récente ou à l’introduction dans le troupeau d’une génération de génisses séropositives.
http://www.gdma76.fr/rubrique/pageLibre000203b7.asp
http://www.agrireseau.qc.ca/bovinslaitiers/Documents/Diarrh%C3%A9e%20virale%20bovine(lr).pdf
http://www.gds38.asso.fr/web/gds.nsf/0/276cbb626f8ff284c1256c87003c3e9e/$FILE/BVDanalyse.pdf