Nicolas Sarkozy veut préserver la Pac et la rendre plus juste
"On ne peut avoir à la fois des prix qui augmentent et qui explosent et en même temps des soutiens", a-t-il déclaré à l'adresse des producteurs de grandes cultures. "Les soutiens doivent aller a ceux qui souffrent, qui en ont besoin."
TRUCHTERSHEIM, Bas-Rhin (Reuters) - Nicolas Sarkozy a promis mardi de se battre pour le maintien de l'Europe verte tout en réclamant une réorientation plus franche en faveur des filières les plus fragiles, comme l'élevage ou le lait.
Le chef de l'Etat, qui présentait ses voeux au monde agricole, s'est engagé en outre à poursuivre ses efforts pour rendre le secteur plus compétitif afin de lui permettre de faire face à la concurrence accrue de pays comme l'Allemagne.
Alors que l'Union européenne prépare une réforme de la Politique agricole commune (PAC) pour 2013, il a indiqué qu'il s'opposerait à toute baisse du budget qui lui est alloué.
Selon lui, Paris a fait preuve de sa solidarité en s'engageant pour près de 100 milliards d'euros pour le soutien aux pays mis en difficulté par la crise de la dette.
"Nous n'avons donc pas à nous excuser de défendre le budget de la Politique agricole commune", a-t-il dit.
Il a estimé que l'Europe verte devait avant tout soutenir une meilleure organisation des producteurs en même temps que devenir plus juste, à l'image des aides accordées ces dernières années à l'agriculture de montagne au détriment des cultures céréalières, ce qui a créé des remous en France.
"On ne peut avoir à la fois des prix qui augmentent et qui explosent et en même temps des soutiens", a-t-il déclaré à l'adresse des producteurs de grandes cultures. "Les soutiens doivent aller a ceux qui souffrent, qui en ont besoin."
Face à la flambée des prix des céréales, il a prôné une contractualisation des relations entre éleveurs, producteurs et fournisseurs d'aliments pour le bétail, souhaitant la conclusion d'un accord avant la fin du premier semestre.
RECONQUÊTE DE L'ÉLECTORAT RURAL
Il s'agissait de la huitième intervention de Nicolas Sarkozy consacrée à l'agriculture et à la ruralité depuis les élections régionales de mars dernier, le chef de l'Etat s'efforçant depuis de reconquérir un électorat rural traditionnellement favorable à la droite mais qui avait alors fait défaut à l'UMP.
En prélude à son déplacement en Alsace, le Journal Officiel a publié mardi le décret autorisant la circulation des camions de 44 tonnes sur les routes pour le transport des céréales.
Annoncée au printemps dernier, cette disposition était réclamée de longue date par le monde agricole pour des raisons de coûts mais elle était combattue par les écologistes.
Tout en reconnaissant qu'il pouvait y avoir des "intérêts contradictoires" entre l'agriculture et l'écologie, le président a estimé qu'il fallait s'efforcer de concilier les deux et critiqué les "idéologues" qui contestent la réalité économique.
"Ceux qui veulent opposer environnement et agriculteurs, ce sont ceux qui voudraient vous transformer en jardiniers ou en cantonniers", a-t-il estimé.
Evoquant un sujet sensible dans l'agriculture française et surtout en Alsace, il a promis d'aider les producteurs de lait et les éleveurs à faire face à la concurrence déloyale de l'Allemagne, qui emploie une main-d'oeuvre "à des conditions sociales qui ont peu à voir avec ce qui se passe en France".
"Si on veut qu'il y ait des agriculteurs producteurs de lait, des éleveurs en France, il faut qu'on les mette dans une situation de compétitivité à armes égales avec nos amis allemands", a-t-il déclaré.
Il a enfin accédé à une autre revendication des viticulteurs, qui lui avait été rappelée mardi matin lors de la visite d'une ferme dans la plaine d'Alsace, en dénonçant en termes virulents la suppression des droits de plantation qui encadrent la culture de la vigne.
Prévue à compter de 2016 dans toute l'UE, cette initiative mène selon lui à la catastrophe en poussant à l'augmentation de la production au moment où la consommation de vin diminue dans le monde et où de nouveaux pays se lancent dans la vigne.
"Je ne sais pas qui a pensé à cette idée, mais il faut qu'il change d'avis", a-t-il dit.
Viande bovine: "l'Etat complice de la grande distribution"
"Les conclusions de cette étude sont affligeantes", estime la Fédération des syndicats d'exploitants agricoles dans un communiqué. Ce rapport préliminaire, rempli d'incertitudes" est selon elle "marqué par des données incomplètes, d'ailleurs souvent fournies par les industriels et la distribution eux-mêmes".
Le syndicat "s'étonne" notamment que le rapport ne prenne pas "en compte des données de l'Insee, institut chargé des statistiques officielles françaises, qui montrent une hausse des marges brutes de 2 euros par kilo de carcasse".
"A la place, ce sont des données d'un groupe britannique privé dont le travail et l'indépendance peuvent être largement discutés qui ont été retenues", poursuit l'organisation.
"Grâce à ce tour de passe-passe et à différents calculs et conversions obscures, la hausse de marges des industriels et de la distribution a été +miraculeusement+ divisée par deux (...) pour s'établir à à peine plus de un euro!", dit-elle.
"Nous demandons des actes et pas des discours s'appuyant sur des études tronquées qui écoeurent tout le monde", a expliqué à l'AFP le président de l'organisation, Patrick Benezit.
Le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire a dit jeudi vouloir restructurer en "urgence" cette filière, après la remise du rapport de l'économiste Philippe Chalmin, qui, tout en confirmant la précarité du monde de l'élevage, ne reprend pas les propos des agriculteurs à l'encontre des industriels et distributeurs, accusés de capter l'essentiel des marges