Drame de la misère agricole : 19 bêtes tuées - Isigny-le-Buat
jeudi 02 décembre 2010
Lundi 22 novembre, un agriculteur du Mesnil-Boeufs a été hospitalisé d'urgence à Pontorson. « Il avait menacé de se suicider pendant l'enlèvement de ses vaches vers l'abattoir », raconte Érick Goupil, maire d'Isigny-le-Buat. L'homme était « en infraction par rapport aux normes sanitaires depuis plus de dix ans », explique Maurice Orvain, le maire honoraire de la commune.
Un dossier qui traîne depuis des années et que les maires tentent de régler. Bêtes amaigries, sans carte d'identification. La situation était difficile pour cet agriculteur en liquidation judiciaire. Depuis plusieurs années, ses bovins lui étaient enlevés progressivement pour être conduits vers l'abattoir. « Afin de payer les créanciers en valorisant les bêtes. »
Il y a un an, l'affaire s'est compliquée. L'agriculteur s'est enfermé dans sa marginalité et refusait le départ des animaux. Il y a quinze jours, alors qu'il était à l'hôpital, ses 19 bêtes ont été euthanasiées dans les champs par les services sanitaires. « Un taureau aurait chargé », rapporte Maurice Orvain, sceptique. Les voisins ont été choqués par les mesures radicales prises par les services. Certaines vaches auraient pu être valorisées, « même si beaucoup étaient vraiment trop maigres », avoue Érick Goupil. Au-delà de cette histoire d'abattage se cache un drame humain. « Il n'a pas su prendre les mains qui se tendaient. À l'avenir, il faut qu'il accepte de l'aide. Je serai le premier à lui en proposer. »
Troupeau abattu : la Confédération scandalisée - Isigny-le-Buat
vendredi 17 décembre 2010
Dans un communiqué en date du 13 décembre, la Confédération paysanne se dit « profondément scandalisée par les méthodes employées par la Direction des services vétérinaires et le Groupement de défense sanitaire pour enlever le troupeau d'un éleveur en difficulté à Isigny-le-Buat ». Il est inadmissible, dit le communiqué, « de gâcher ainsi le capital de l'éleveur en abattant au fusil les bovins dont la vente aurait pu alléger les dettes de leur propriétaire. D'autres méthodes étaient possibles, par l'administration de calmants par fléchettes hypodermiques par exemple, ou en s'assurant le concours de l'éleveur ou de personnes compétentes pour approcher les animaux farouches ».
La Confédération paysanne en profite pour rappeler que « l'obligation de prophylaxie se résume à un dépistage de brucellose par prise de sang. Une sanction pour non-respect de cette obligation est certes justifiée, mais pas la saisie totale des bêtes ! Une retenue en consigne en attendant le résultat du dépistage aurait suffi ».
Quant à l'hospitalisation d'office subie par l'éleveur, elle paraît au syndicat « tout à fait abusive et inquiétante. Nous appelons les éleveurs en difficulté à ne pas rester seuls face à leurs problèmes et à contacter les associations qui peuvent les accompagner comme « SOS Agriculteurs en difficulté ».Frédéric Macqueron, directeur de la DDPP 50
"Isigny le Buat ? Ce n'était pas un carnage"
l’affaire avait fait du bruit dans le Landernau agricole. 19 animaux avaient été abattus, voici trois semaines, dans une ferme du canton d’Isigny le Buat. Un journal local titrant même sur “un carnage”. Frédéric Macqueron, directeur de la DDPP (ex DSV), veut clore cette affaire, qui pour lui n’est pas une; il veut mettre un point final à toute polémique.
Frédéric Macqueron, directeur DDPP, “nous étions là pour assurer la sécurité de l’enlèvement, à la demande de l’administrateur judiciaire”. - © ec
Bref rappel des faits. Le troupeau en question était en liquidation judiciaire depuis 2006. “Une décision prononcée, je le rappelle, par la justice” souligne Frédéric Macqueron. “Dans les faits, l’administrateur judiciaire était propriétaire des 26 bovins dans les trois parcelles concernées. Des animaux dangereux, non identifiés, mal soignés, mal nourris. Sur les 26, sept ont été capturées aussitôt, dont deux n’appartenaient pas au cheptel concerné. Sur ce premier lot, un seul était commercialisable à l’abattoir”. Frédéric Macqueron détache les mots nettement, “ces bovins ont été abattus par des professionnels du tir, sans souffrances animales, en clair dans des conditions largement équivalentes à celles d’un abattoir”. Et de conclure, “je le maintiens, ces animaux représentaient un risque, non seulement lors de la journée d’enlèvement, mais aussi depuis des années au niveau sanitaire. Enfin, ils ne représentaient aucune source de revenu pour le propriétaire”.