Au cours de la session plénière d'hier, seulement deux élus ont voté la motion de soutien à la grève du lait. L'édifice FDSEA tient bon, mais la crise a hanté les débats de l'après-midi
Ces deux-là auront tout fait pour attendrir leurs collègues de la Chambre d'agriculture sur la situation des producteurs de lait engagés dans le mouvement de grève de la collecte depuis jeudi soir. Hier après-midi, en session plénière, Jacques Evieux, éleveur caprins et membre de la Confédération paysanne, et Pierre Mingret, producteur de lait et de viande à Replonges, ont vérifié toute la difficulté de l'art de la démocratie. Au sein d'une assemblée acquise depuis longtemps à la cause du syndicat majoritaire, la FDSEA, ils ont pourtant multiplié les arguments. Jacques Evieux a même tenté le registre consensuel, dans le genre : « On dit qu'on ne soutient pas la grève mais qu'on est avec les grévistes qui donnent du leur pour ce qu'ils estiment être une cause juste. » En vain… Au moment du vote, toujours aussi peu enclin à découvrir les saveurs de la différence, le corps électoral, emmené par un président Gilbert Limandas plus cassant que jamais, a voté… contre le moindre soutien à la grève et aux grévistes.
Cette crise laitière est pourtant bien là. Pas une intervention au cours de l'après-midi n'a pu éviter le sujet. Albert Thiévon, l'ex-numéro 1 du monde agricole départemental et au delà, a d'abord été l'auteur d'un long rappel historique sur la production laitière dans l'Ain, rappel conclu par un vibrant : « Faut-il continuer à subir ? ». Comme le premier vice-président, Daniel Martin, Albert Thiévon défend le principe d'une année blanche pour le remboursement des emprunts (sur le capital) des exploitants. Toutes les filières (moutons, porcs, céréales, volailles, lait…) seraient en effet au bord du gouffre à en croire leurs représentants. « La faute (entre autres) à la mauvaise répartition des marges entre producteurs, transformateurs et grande distribution » a répété Michel Joux au nom des éleveurs de moutons. Gilles Brenon pour la filière porcine a mis en exergue le décalage entre la valeur du jambon à la production et dans le panier du consommateur : « C'est sept fois la bascule ! » s'est-il écrié avant de se féliciter de la prochaine publication d'un rapport très attendu de l'observatoire des marges mis en place il y a un an.
La lutte contre la chrysomèle du maïs a pour une fois mis d'accord la FDSEA et la Confédération ! Daniel Martin et Jacques Evieux se sont conjointement félicités de la fin des inutiles et coûteuses tentatives d'éradication pure et dure. Claude Barbet (agriculture bio à Thil) a réclamé des pouvoirs publics une meilleure gestion des stationnements des gens du voyage : « On vous prévient, s'ils continuent de s'installer sur les cultures, on ira sur place avec cinquante tracteurs… » Le directeur de la Ddaf (agriculture et forêt), Bertrand Steck, a été chargé de faire remonter la remarque jusqu'au préfet de l'Ain !
Jean-Marc Perrat