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Viande bovine: "l'Etat complice de la grande distribution"
"Les conclusions de cette étude sont affligeantes", estime la Fédération des syndicats d'exploitants agricoles dans un communiqué. Ce rapport préliminaire, rempli d'incertitudes" est selon elle "marqué par des données incomplètes, d'ailleurs souvent fournies par les industriels et la distribution eux-mêmes".
Le syndicat "s'étonne" notamment que le rapport ne prenne pas "en compte des données de l'Insee, institut chargé des statistiques officielles françaises, qui montrent une hausse des marges brutes de 2 euros par kilo de carcasse".
"A la place, ce sont des données d'un groupe britannique privé dont le travail et l'indépendance peuvent être largement discutés qui ont été retenues", poursuit l'organisation.
"Grâce à ce tour de passe-passe et à différents calculs et conversions obscures, la hausse de marges des industriels et de la distribution a été +miraculeusement+ divisée par deux (...) pour s'établir à à peine plus de un euro!", dit-elle.
"Nous demandons des actes et pas des discours s'appuyant sur des études tronquées qui écoeurent tout le monde", a expliqué à l'AFP le président de l'organisation, Patrick Benezit.
Le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire a dit jeudi vouloir restructurer en "urgence" cette filière, après la remise du rapport de l'économiste Philippe Chalmin, qui, tout en confirmant la précarité du monde de l'élevage, ne reprend pas les propos des agriculteurs à l'encontre des industriels et distributeurs, accusés de capter l'essentiel des marges
Bovins : une production européenne en baisse en 2011
« En 2011, selon Agreste, la production bovine de l’Union européenne devrait atteindre 29,3 millions de têtes, inférieure de 1 % à la production attendue en 2010. Ce recul concernerait l’ensemble des principaux pays européens, excepté l’Espagne qui prévoit une production à la hausse. » Les productions de veaux, gros bovins et génisses devraient diminuer. Pour 2011 le cheptel de vaches se maintiendrait au niveau de 2010. Cette année-ci, « la production bovine européenne se stabiliserait », souligne la note d’Agreste qui évoque également le niveau du cheptel. En 2010, « le nombre total de vaches diminue de près de 1 %. Cette baisse est essentiellement due à la diminution du cheptel de vaches laitières qui perdrait près de 375 000 têtes. » Elle serait compensée par une progression du nombre de vaches allaitantes (+72 000 têtes). En France, la chute des effectifs de vaches laitières est importante (-74 000 têtes), comme en Pologne et en Allemagne. En vaches allaitantes, le cheptel reste stable à l’inverse de l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne.
Troupeau abattu
Lundi 22 novembre, un agriculteur du Mesnil-Boeufs a été hospitalisé d'urgence à Pontorson. « Il avait menacé de se suicider pendant l'enlèvement de ses vaches vers l'abattoir », raconte Érick Goupil, maire d'Isigny-le-Buat. L'homme était « en infraction par rapport aux normes sanitaires depuis plus de dix ans », explique Maurice Orvain, le maire honoraire de la commune.
Un dossier qui traîne depuis des années et que les maires tentent de régler. Bêtes amaigries, sans carte d'identification. La situation était difficile pour cet agriculteur en liquidation judiciaire. Depuis plusieurs années, ses bovins lui étaient enlevés progressivement pour être conduits vers l'abattoir. « Afin de payer les créanciers en valorisant les bêtes. »
Il y a un an, l'affaire s'est compliquée. L'agriculteur s'est enfermé dans sa marginalité et refusait le départ des animaux. Il y a quinze jours, alors qu'il était à l'hôpital, ses 19 bêtes ont été euthanasiées dans les champs par les services sanitaires. « Un taureau aurait chargé », rapporte Maurice Orvain, sceptique. Les voisins ont été choqués par les mesures radicales prises par les services. Certaines vaches auraient pu être valorisées, « même si beaucoup étaient vraiment trop maigres », avoue Érick Goupil. Au-delà de cette histoire d'abattage se cache un drame humain. « Il n'a pas su prendre les mains qui se tendaient. À l'avenir, il faut qu'il accepte de l'aide. Je serai le premier à lui en proposer. »
vendredi 17 décembre 2010
Dans un communiqué en date du 13 décembre, la Confédération paysanne se dit « profondément scandalisée par les méthodes employées par la Direction des services vétérinaires et le Groupement de défense sanitaire pour enlever le troupeau d'un éleveur en difficulté à Isigny-le-Buat ». Il est inadmissible, dit le communiqué, « de gâcher ainsi le capital de l'éleveur en abattant au fusil les bovins dont la vente aurait pu alléger les dettes de leur propriétaire. D'autres méthodes étaient possibles, par l'administration de calmants par fléchettes hypodermiques par exemple, ou en s'assurant le concours de l'éleveur ou de personnes compétentes pour approcher les animaux farouches ».
La Confédération paysanne en profite pour rappeler que « l'obligation de prophylaxie se résume à un dépistage de brucellose par prise de sang. Une sanction pour non-respect de cette obligation est certes justifiée, mais pas la saisie totale des bêtes ! Une retenue en consigne en attendant le résultat du dépistage aurait suffi ».
Quant à l'hospitalisation d'office subie par l'éleveur, elle paraît au syndicat « tout à fait abusive et inquiétante. Nous appelons les éleveurs en difficulté à ne pas rester seuls face à leurs problèmes et à contacter les associations qui peuvent les accompagner comme « SOS Agriculteurs en difficulté ».Frédéric Macqueron, directeur de la DDPP 50
Frédéric Macqueron, directeur DDPP, “nous étions là pour assurer la sécurité de l’enlèvement, à la demande de l’administrateur judiciaire”. - © ec
Bref rappel des faits. Le troupeau en question était en liquidation judiciaire depuis 2006. “Une décision prononcée, je le rappelle, par la justice” souligne Frédéric Macqueron. “Dans les faits, l’administrateur judiciaire était propriétaire des 26 bovins dans les trois parcelles concernées. Des animaux dangereux, non identifiés, mal soignés, mal nourris. Sur les 26, sept ont été capturées aussitôt, dont deux n’appartenaient pas au cheptel concerné. Sur ce premier lot, un seul était commercialisable à l’abattoir”. Frédéric Macqueron détache les mots nettement, “ces bovins ont été abattus par des professionnels du tir, sans souffrances animales, en clair dans des conditions largement équivalentes à celles d’un abattoir”. Et de conclure, “je le maintiens, ces animaux représentaient un risque, non seulement lors de la journée d’enlèvement, mais aussi depuis des années au niveau sanitaire. Enfin, ils ne représentaient aucune source de revenu pour le propriétaire”.