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« Ne signez surtout pas vos contrats »

6 Février 2011 , Rédigé par jr Publié dans #actualité agricole






20 janvier 2011 06h00 | Par aude boilley 0  

 


« Ne signez surtout pas vos contrats »

Une centaine de producteurs laitiers sont venus à Roullet,
en Charente, écouter et discuter avec un éleveur suisse.

 

 
À Roullet, les producteurs de lait indépendants face à la
contractualisation. photo « sud ouest
»

 



 


L'an passé, des éleveurs canadiens étaient venus redonner espoir aux
producteurs laitiers charentais. Ils leur avaient démontré qu'un autre système
de régulation était possible. Hier, à Roullet-Saint-Estèphe (Charente), Paul
Ecoffey, un éleveur suisse, les a mis en garde. Après un passage à Pau la
veille, il était convié par l'antenne Poitou-Charentes-Limousin-Nord Aquitaine
de l'association des producteurs laitiers indépendants (Apli). Pascal Massol, le
président national de l'Apli, et Paul de Montvalon, président de l'Office du
lait, étaient également présents pour répondre aux questions d'une centaine
d'éleveurs charentais.


Il y a deux ans, la Suisse a mis en place la contractualisation, c'est-à-dire
l'instauration de contrat écrit entre un producteur laitier et sa laiterie. « Et
maintenant, on crève de faim. En deux ans, certains producteurs ont perdu 60 000
euros. La première année, ils jouent sur la trésorerie, mais après ? », déplore
l'éleveur suisse.





En France, à compter du 1er avril, « la formalisation écrite des relations
commerciales entre les producteurs et leurs premiers acheteurs » deviendra « la
règle ». Les laitiers ont dix-huit mois pour signer leur contrat. Mais beaucoup
n'en veulent pas (voir « Sud Ouest » du 5 janvier).


« Le problème des contrats, c'est qu'ils sont pour cinq ans et ne tiennent
pas compte des coûts de production ni de l'évolution des prix des matières
premières », détaille Pascal Massol, le président de l'Apli.

Ne pas se diviser

« Je suis venu vous lancer un message d'alerte. Ne signez surtout pas vos
contrats. Si vous le faites, vous serez pieds et poings liés à l'industrie
laitière et vous ne pourrez plus rien faire », leur a lancé Paul Ecoffey. « Si
un matin, le camion ne passe pas chercher votre lait pour faire pression sur
vous, qu'est ce que vous pourrez faire ? », a lancé Paul Ecoffey.


Paradoxalement, la contractualisation du lait, destiné à fabriquer du
gruyère, elle, a bien fonctionné car « c'est l'interprofession qui fixe les prix
et une production stricte pour ne pas qu'ils baissent. »


« Je vends le litre de lait, pour le gruyère AOC, 70 centimes alors que mes
collègues le vendent aux alentours de 38 centimes, pour un coût de production de
60 centimes. »


Pour de nombreux agriculteurs présents hier à Roullet, il faut « éviter les
contrats individuels ». « Pour mieux peser, nous devons nous regrouper », estime
l'un. Paul Ecoffey les a alors mis en garde contre un trop grand nombre
d'organisations de producteurs. « On n'a pas été préparé lors de la
contractualisation. On a voulu trop bien faire et nous avons mis en place 38
organisations de producteurs. En face, il y avait cinq acheteurs. On s'est trop
divisés pour lutter contre eux et c'est l'industrie qui mène le bal. »


D'où la nécessité de la mise en place de l'Office du lait, voulu par l'Apli.
« On négociera un contrat collectif pour tous les producteurs français et on
imposera qu'une partie du prix soit fixée en fonction du coût de production », a
promis Paul de Montvalon, le président de l'Office du lait

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