Michel Ramery a décidé de procéder, ce mercredi 5 février, au démontage du bâtiment non conforme au permis de construire initial de la ferme des 1000 vaches. Le jour même, il reçoit le renfort des éleveurs de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs.
Rendus prudents par des rafales de vent qui atteignaient par moments 80 kilomètres heures sur les hauteurs d’Abbeville, solidement assurés, trois hommes s’employaient ce mercredi 5 février au matin à dévisser une à une les tôles qui couvrent le hangar à paille de la Ferme des 1000 vaches. Une opération menée avec toutes les précautions nécessaires à un remontage ultérieur. Au cours des jours précédents, la paille qu’il couvrait avait été retirée, mise à l’abri sur une autre partie de l’exploitation. Ce hangar a fait l’objet d’une vive polémique au cours des dernières semaines. Débordant d’une vingtaine de mètres dans une zone archéologique identifiée à l’occasion de fouilles préalables au chantier, il n’était pas conforme au permis de construire initial déposé par l’entrepreneur-agriculteur. Les services de la préfecture d’Amiens avaient demandé son démontage. Deux possibilités s’offraient alors au promoteur : contester cette demande en justice, arguant du dépôt d’un permis de construire modificatif. Ou démonter, sans livrer bataille.
En répondant ainsi favorablement à la demande des services de l’Etat, l’objectif des équipes de Michel Ramery, le porteur de ce projet d’exploitation agricole XXL, était d’offrir des gages aux juges du Tribunal Administratif d’Amiens qui doit les entendre en audience dans dix jours. En effet, l’association Novissen, la Confédération Paysanne, L124 et Picardie Nature ont conjointement déposé un recours en annulation du permis de construire initial de la Ferme des 1000 vaches, invoquant des irrégularités de fond et de forme.
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Dans cette tourmente, Michel Ramery reçoit aujourd’hui, contre Novissen, un soutien longtemps attendu : celui de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs de la Somme. Ceux-ci invitent à une conférence de presse, demain, une heure tout juste avant le début de la réunion publique organisée à Abbeville, Salle des Carmes, par les opposants au projet. Dans un communiqué publié en début d’après-midi ce mercredi, ils lancent une autre mobilisation : « Des nuisances, des épidémies, des problèmes environnementaux, des animaux maltraités… au-delà du combat de riverain, la communication de l’association Novissen jette un profond discrédit sur tous les éleveurs du département. Le combat des éleveurs ce n’est pas celui des 1000 vaches, c’est celui des 1000 fermes ! Arrêtez ! Arrêtez de stigmatiser l’élevage. Arrêtez de liguer la population contre les éleveurs et contre tout projet. »
Le projet dit des 1000 vaches a été ramené administrativement, à 500 laitières et leur suite par l’autorisation d’exploitation accordée l’an dernier par les services de l’Etat. L’opposition locale, l’association NOVISSEN (acronyme de Nos Villages Se Soucient de leur ENvironnement) a trouvé, au fil des mois, un relais national auprès de la Confédération Paysanne pour tenter d’enrayer la construction des bâtiments. Les militants de la Conf’ sont intervenus à deux reprises sur le chantier pour en ralentir les travaux. Dans leur dernière action, ils se sont enchainés aux piliers de l’étable en exigeant des entrevues à Paris.
Ils ont obtenu des rendez-vous auprès des ministres de l’écologie et du Logement, Philippe Martin et Cécile Duflot. A la sortie de ces deux entretiens, des propos, non démentis de la part du gouvernement, laissent penser que le projet de super étable ne convient ni à l’un ni à l’autre de ces ministres. Le méthaniseur agricole d’une puissance de 1,3 mégawatt n’emporte pas plus leur adhésion. Pourtant, dans le même temps, le ministre de l’Agriculture réaffirme l’importance de la production d’énergie renouvelable à partir des déjections animales. En déplacement à Saint-Brieuc la semaine dernière au Salon Biogaz, Stéphane Le Foll réaffirmait son soutien à la filière : « Il était temps que la France rattrape le retard pris en matière de méthanisation. Fin 2012, il y avait 90 méthaniseurs à la ferme dans notre pays. Il y en a aujourd’hui plus de 140. C’est une progression de plus de 50 % en un an, qui montre qu’une vraie dynamique est engagée, que nous avons une filière en plein décollage. Nous sommes sur la voie que j’avais fixée, celle d’atteindre 1000 méthaniseurs agricoles d’ici 2020″. Ces positions divergentes au sein du gouvernement brouillent le message et amènent un peu plus d’incertitudes sur le devenir de l’élevage laitier en France avec en toile de fond la perspective de la disparition des quotas laitiers en mars 2015.
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