Nathalie Kosciusko-Morizet, icône verte du premier gouvernement Sarkozy, quitte le secrétariat d'Etat à l'Ecologie où elle peinait à exister ces derniers mois dans l'ombre de son ministre de tutelle Jean-Louis Borloo.
Son départ annoncé jeudi pour le secrétariat d'Etat "à la Prospective et à l'Economie numérique", quand la rumeur la disait intéressée par la Santé, a surpris son entourage et celui de Jean-Louis Borloo.
Avec le ministre du Développement durable, les relations - compliquées dès leur nomination respective en mai 2007 - s'étaient définitivement dégradées lors du débat sur les OGM à l'Assemblée nationale, en avril 2008.
"NKM", confrontée aux résistances de députés UMP ulcérés par sa bise au leader altermondialiste José Bové, avait dénoncé dans Le Monde "un concours de lâcheté et d'inélégance entre Jean-François Copé (...) et Jean-Louis Borloo, qui se contente d'assurer le minimum".
Une petite phrase qui l'avait obligée à s'excuser sur injonction du Premier ministre, mais avait suscité la sympathie de l'opinion publique et l'intérêt médiatique.
Le 1er janvier, un jury d'experts pour Le Point et France 2 la plaçait au 3è rang des ministres (derrière Xavier Bertrand et Martin Hirsch).
Pour les défenseurs de l'environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet, architecte du Grenelle de l'environnement avec Jean-Louis Borloo, a surtout fait progresser la cause à droite.
"Elle a fait bouger les moins de 40 ans à l'UMP et démontré que les jeunes générations à droite se préoccupent d'écologie", estime Serge Orru, le directeur du WWF-France. "Elle a préparé la droite à la question de l'écologie", renchérit le président de France Nature environnement Sébastien Geneste, saluant le "duo compliqué mais utile" qu'elle formait avec M. Borloo.
Egalement étroitement associé à la préparation du Grenelle, Yannick Jadot, ex-directeur des campagnes de Greenpeace la regrette lui aussi, mais juge qu'elle était "frustrée": "Dommage pour l'écologie parce que c'est incontestablement quelqu'un de convaincu. Mais elle était sevrée de gros dossiers par Borloo. Elle essaye de se redonner un champ où elle a plus d'automonomie, potentiellement plus de visibilité", estime-t-il.
En dépit de leur affection, plusieurs observateurs ajoutent "en off" que NKM a manqué d'implication dans le Grenelle, pour y construire les nécessaires compromis. Et lui reprochent en filigrane de s'éparpiller entre ses trop nombreux mandats politiques.
Arrivée en juillet 2002 à l'Assemblée, Nathalie Koscisuko-Morizet, en plus de ses fonctions à la direction du parti majoritaire, a été élue maire de Longjumeau (région parisienne) en mai dernier.
Née le 14 mai 1973 à Paris, diplômée de Polytechnique et de l'Ecole nationale du génie rural des eaux et forêts, mère d'un enfant, elle est issue d'une lignée d'hommes de pouvoir aux choix éclectiques: un arrière grand-père, André Morizet, sénateur-maire SFIO de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine); un grand-père, Jacques Kosciusko-Morizet, résistant gaulliste et ambassadeur de France à Washington; son père, François Kosciusko-Morizet, conseiller général des Hauts-de-Seine et maire UMP de Sèvres (Hauts-de-Seine).
Comptant parmi ses ancêtres un héros national polonais, meneur du soulèvement contre les Russes en 1794, elle en manie encore la langue pour commander sa vodka préférée. Celle au miel.