prix du lait
Coopératives laitières : l’exception française
Pour se préparer à la sortie des quotas laitiers, les coopératives européennes entament de vastes plans de restructuration et d’acquisition. Parallèlement, les coopératives françaises refusent de fusionner entre elles afin de maintenir des structures sur tous les territoires. Cette prudence risquerait de pénaliser la filière française vis-à-vis des entités européennes qui prennent de plus en plus d’ampleur.
Face à la fin des quotas laitiers programmée pour 2015, les coopératives du nord de l’Europe se réorganisent de façon à appréhender un marché totalement libéralisé. Le 22 mai, le leader scandinave des produits laitiers, Arla Foods, annonçait par exemple deux projets de fusion avec Milk Link, 4e laiterie en Grande-Bretagne, et Milch-Union Hocheifel (MUH), huitième laiterie en Allemagne. « Par une fusion avec Arla, nous poursuivons notre stratégie de devenir une société internationale afin de parvenir à un prix du lait adéquat et stable », expliquait alors le directeur administratif de MUH, Rainer Sievers, dans un communiqué. L’entité Arla Foods est d’ailleurs issue de la fusion en 2000 de la coopérative laitière suédoise Arla et de la société danoise MD Foods. Depuis, la coopérative a acquis l’américain White Clover Dairy, la laiterie britannique Express, et multiplie les partenariats commerciaux avec des structures internationales tel que Fonterra (1er exportateur mondial de lait) ou Mengniu (industrie de transformation chinoise). Et Arla Foods n’est pas la seule coopérative européenne à prendre une dimension internationale. Friensland Campina, 1ère coopérative laitière européenne en termes de chiffre d’affaires, annonçait également le 22 mai dernier vouloir acquérir avec Danube Foods Group les entreprises serbes Imlek et Mlekara Subotica. Le 20 mars dernier, la coopérative annonçait également l’acquisition de 60,7% d’Alaska Milk Corporation, l’une des deux plus importantes laiteries aux Philippines.
La coopération française refuse la restructuration
Et pourtant en France, la filière laitière semble refuser les fusions entre structures coopératives tant sur le plan national qu’international. L’évolution du paysage coopératif français « ne passera pas par une vraie restructuration mais par des partenariats », anticipe Christelle Josse, directrice à la FNCL (Fédération nationale des coopératives laitières). « Sur la question des tours de séchage, certaines coopératives pensent investir à plusieurs. Pour aller à l’export elles préfèrent créer des bureaux commerciaux ensemble », illustre-t-elle, mais de véritables fusions ne sont pas envisagées. En effet, la restructuration par une concentration des coopératives se ferait nécessairement « au détriment de certains territoires », estime-t-on à la FNCL. Pourtant, se limiter à des partenariats n’empêche pas certaines opérations nationales importantes, comme en témoigne le récent rapprochement entre Agrial et Senoble.
Agrial et Sodiaal préparent l’après-quota
Agrial a en effet créé une joint-venture avec Senoble (Senagral) afin de se « préparer à l’après-quota », comme l’explique Gilbert Herpe, président de la coopérative. Cette nouvelle entité, qui permet à Senoble de dégager des moyens financiers pour construire une deuxième usine en Espagne, lui assure aussi une sécurité concernant ses approvisionnements laitiers. Il y a un an, Agrial avait déjà opéré une prise de participation de 10% au capital de Délicelait à Moyon, PME spécialisée dans les ingrédients laitiers à destination de l’industrie. Au premier trimestre, Agrial a porté sa participation à 49 %. Depuis l’entrée au capital d’Agrial, Délicelait a investi dans un concentrateur et la réflexion est en cours pour une tour de séchage. Sodiaal avait aussi marqué l’actualité en janvier 2011 en reprenant l’entreprise Entremont. La coopérative a ainsi intégré 4 500 nouveaux producteurs afin d’atteindre une « taille critique » suffisante pour affronter les marchés mondiaux. Selon Jacques Caillaud, responsable de la communication de Sodiaal, cette opération est « la preuve que la coopérative est tourné vers l’avenir », et « une indication potentiel de ce que Sodiaal pourra encore faire ». Pourtant, la coopération française a encore du « retard par rapport aux acteurs européens », concède-t-il.
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