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Pas possible non plus de rejoindre une autre coopérative. « Elles sont déjà complètes »

21 Août 2012 , Rédigé par jr Publié dans #actualité agricole

Obligé de jeter cent litres de lait chaque jour

L’agriculteur est écœuré, mais il n’a pas le choix. Danone ne veut plus de son lait, alors, chaque jour, Gérard Eckert fait disparaître le fruit de son travail dans le caniveau.

PAULINE CONRADSSON | Publié le 26.07.2012, 05h54

 Noailles, hier. Depuis le 1er juillet, la coopérative ne vient plus collecter le lait de Gérard Eckert, contraint d’en jeter une centaine de litres par jour.
Noailles, hier. Depuis le 1er juillet, la coopérative ne vient plus collecter le lait de Gérard Eckert, contraint d’en jeter une centaine de litres par jour. | (LP/P.C.)
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Le même geste, tous les matins depuis trois semaines. Gérard Eckert ouvre le robinet du bac à lait et le liquide blanc se déverse sur le sol avant de rejoindre le caniveau. « Quel gâchis, ça fait mal au cœur, mais je n’ai pas le choix », soupire cet agriculteur de Noailles, qui possède 21 vaches laitières. Depuis le 1er juillet, la Coopérative laitière de Haute-Normandie (CLHN), sous contrat avec , refuse de collecter son lait.

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Chaque jour, ce sont donc une centaine de litres, soit le résultat des deux traites de la journée, qu’il est obligé de jeter. « Il y a plusieurs mois, la coopérative nous a informés par lettre recommandée qu’on n’était plus aux normes pour répondre à la charte Danone, raconte Gérard, adhérent depuis plus de trente ans, à la suite de son père. Il fallait par exemple un box pour le vêlage et un pour les animaux malades. J’ai fait le nécessaire. Ils sont venus deux fois contrôler pour finalement décider d’arrêter la collecte. Je pense plutôt que c’est une histoire de gros sous. Faire venir un camion tous les trois jours, ça n’est probablement pas assez rentable. Mais notre métier, c’est le lait, qu’est-ce qu’on va faire maintenant? »

150000 € investis dans un nouveau bâtiment en 2008


En 2008, le producteur avait pourtant investi 150000 € dans un nouveau bâtiment pour se mettre aux normes européennes. « Si j’avais su, je n’aurais pas fait les travaux. Aujourd’hui, je dois toujours rembourser mes crédits », explique-t-il. Idem pour la presse à ballots de paille, achetée 17000 € il y a quelques mois. Pas possible non plus de rejoindre une autre coopérative. « Elles sont déjà complètes », se désole Mickaël, le fils de Gérard, qui envisageait jusqu’alors de reprendre l’exploitation familiale. L’agriculteur, qui produit aussi des céréales, estime son manque à gagner à 1500 € par mois, soit 40% du revenu de l’exploitation qui s’envole. Pour gagner un peu d’argent, il est désormais contraint de vendre ses bêtes. « Nous allons peut-être essayer de faire de la viande, mais il faut attendre trois ans avant d’être reconnu. D’ici là, on a le temps de tirer la langue », lâche-t-il. En attendant, l’agriculteur et son fils sont obligés de continuer à traire leurs vaches qui, elles, continuent à produire du lait. Contactée, la coopérative n’a pas répondu à nos sollicitations.


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