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Paroles d'experts la chute des prix Agricoles

5 Février 2010 , Rédigé par jr Publié dans #actualité agricole

MAI 2008

« On ne retrouvera jamais

les prix bas des années 90 »

Philippe Chalmin, économiste spécialiste du marché

des matières premières, répond aux attaques de

Jacques Carles et exprime son point de vue sur l’état

du marché agricole.

Que pensez-vous du modèle économique du Moma ?

Rien, puisqu’à ma connaissance, ils n’ont encore rien publié. Je ne

peux pas critiquer sans savoir. Mais je pense bien connaître le sujet, et je ne vois pas ce qu’ils

pourraient apporter de nouveau qui n’aurait jamais été essayé d’une manière ou d’une autre.

Jacques Carles accuse les experts qui annoncent des prix durablement élevés de pousser

à la spéculation. Que lui répondez-vous ?

Je ne dis pas que les prix vont rester aussi élevés qu’aujourd’hui. Je pense qu’ils devraient fl échir,

mais que l’on ne retrouvera jamais les prix bas des années 90. Bien plus que la volatilité, qui parfois

est due à la spéculation, la fl ambée des prix est surtout imputable à un déséquilibre. Dans les

années 90, la faiblesse des prix a poussé à un virage des politiques agricoles. Aux États-Unis et

en Europe, on poussait les agriculteurs à produire peu. Aujourd’hui, il y a une augmentation de la

demande. Alors on se retrouve avec un déséquilibre entre l’offre et la demande.

Comment peut-on régler ce problème ?

Il faut prendre au sérieux le message des marchés : la rareté est un problème. Il faut donc développer

les productions, voire atteindre l’autosuffi sance alimentaire. Si on veut que les producteurs donnent

au marché, il faut leur donner un prix. Et ceci passe par une politique agricole. Seulement qui peut

la payer ? Les consommateurs ou les contribuables. Et en Afrique, il n’y a ni l’un, ni l’autre. Dans

ce cas, c’est à la communauté internationale d’aider. Mais je ne crois pas à une politique agricole

internationale. C’est de l’utopie.

 





Jacques Carles, délégué général de

MOMAGRI, le Mouvement pour une

organisation mondiale de l’agriculture.

MOUVEMENT POUR UNE ORGANISATION MONDIALE DE L’ A G R I C U LT U R E

«Tout le monde nous a pris pour

des fous furieux »

 

– Jacques Carles


En mars 2008, le

Mouvement pour une organisation

mondiale de l’agriculture (MOMAGRI)

a prédit que les prix des matières agricoles

allaient s’effondrer brutalement.

Au Parlement européen, les porteparole

de la nouvelle organisation ont

passé pour une bande d’hurluberlus.

Trois mois plus tard, la chute drastique

des prix allait donner raison à MOMAGRI,

créé pour rappeler que l’agriculture

est essentielle pour l’avenir de

l’humanité.

« Tout le monde nous a pris pour

des fous furieux », rappelle Jacques

Carles, délégué général de MOMAGRI.

Celui-ci était de passage la semaine

dernière à Québec pour expliquer les

origines et les objectifs de MOMAGRI.

Né en décembre 2005 à l’initiative de

responsables du monde coopératif et

d’économistes français, MOMAGRI

entend proposer au monde un modèle

qui tient compte du caractère spécifique

et stratégique de l’agriculture.

D’ici la fin de l’année, MOMAGRI

entend créer une agence d’évaluation

et de notation. Cette agence aura pour

fonction de bâtir des indicateurs qui

permettront de mieux saisir l’importance

des phénomènes propres à l’agriculture,

dont la volatilité des prix.

Selon Jacques Carles, les grandes

organisations internationales, telles la

Banque mondiale, l’Organisation

mondiale du commerce (OMC) ou

l’Organisation des Nations Unies pour

l’alimentation et l’agriculture (FAO),

basent leurs interventions sur l’indicateur

ESP. Cet indicateur, mis au point

par l’Organisation de coopération et

de développement économiques

(OCDE) dans les années 70, évalue le

soutien public à l’agriculture en pourcentage

de la valeur de la production.

« Cet indicateur est faux et archi

faux, affirme à la

 

Terre Jacques Carles.

On ne tient pas compte des éléments

de soutien public qui sont des dépenses

annexes et qu’on ne retrouve pas

dans les budgets. Chaque État a sa

manière pour réduire le déficit apparent

et isoler certaines dépenses. Les

Américains sont très forts pour ça. »

Jacques Carles estime que les négociations

« schizophréniques » de

l’OMC du cycle de Doha sur l’agriculture

ne peuvent que conduire au

désastre. À son avis, l’OMC fonctionne

« à l’aveugle » parce qu’elle ne dispose

pas de données fiables depuis

six ans. Il juge que les négociations y

sont « un jeu de poker menteur » et

de croire que la libéralisation des

échanges profitera aux pays pauvres

constitue « une absurdité incroyable

».

« C’est devenu une tarte à la crème

médiatique, déclare-t-il. Tout le

monde a l’impression que c’est la réalité.

Il y a une illusion extraordinairement

dangereuse de penser que si on

arrête les subventions dans les pays

riches, demain les pays pauvres vont

exporter. Oui, mais ils n’ont plus d’agriculture.

Ils vont exporter quoi? C’est

absurde de penser que, si on produit

deux fois plus, les hommes mangeront

deux fois plus. »

Autre absurdité, Jacques Carles met

en évidence le fait que la Banque

mondiale n’a consacré en moyenne

que 3% de ses prêts à l’agriculture au

cours des trente dernières années.

Rien d’étonnant, juge-t-il, à ce que l’agriculture

des pays pauvres ne se soit

pas développée. La spéculation,

ajoute-t-il, vient amplifier la volatilité

des prix des matières agricoles.

Aujourd’hui, près de la totalité des

contrats à la Bourse sont purement

spéculatifs et les écarts de 10 à 15 %

en quelques heures sont monnaie

courante.

« Pour un spéculateur qui aime

jouer, caricature Jacques Carles, c’est

vraiment casino! Les modèles actuels

considèrent que l’offre s’ajuste

automatiquement à la demande. La

seule chose qui est prévisible, c’est

l’instabilité des prix. »

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