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Filière lait

15 Avril 2012 , Rédigé par jr Publié dans #actualité agricole

Les prix du lait soutiennent la production mondiale


Le 12 avril, lors d’une conférence de presse de l’Institut de l’élevage, l’économiste Gérard You a confirmé la reprise mondiale de la production de lait grâce à la fermeté des prix. Néanmoins, l’Europe doit prendre garde à ne pas tomber dans un excès de production et se doit de séduire de nouveaux marchés.

«Les prix du lait ont stimulé la production », a soutenu Gérard You, économiste à l’Institut de l’élevage, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 12 avril. Dans le monde entier, la fermeté des cours a en effet tiré les tonnages à la hausse. En 2011, la production laitière mondiale a ainsi progressé de 16Mt (+2%), pour atteindre les 737Mt (selon la FAO). Il y a de surcroît un « fait nouveau dans l’Union européenne. Les pays qui semblaient en panne de dynamique laitière ont vécu un réveil de leur production, à l’exception de la Roumanie et de la Bulgarie », s’est réjouit Gérard You. Pourtant, sur le continent européen, ce sont toujours la France et l’Allemagne qui soutiennent la cadence. « En Europe, la production a augmenté de 3 Mt, dont 1Mt provient de la France et 500 000 tonnes d’Allemagne », aime rappeler Gérard You. Mais la croissance de la production ne provient pas seulement d’une conjoncture porteuse. Les conditions climatiques ont en effet été favorables dans la plupart des bassins laitiers, notamment en Océanie. Seule la hausse des prix de l’alimentation animale a contenu ce rebond de la productivité mondiale.
Un risque de retournement de marché

Mais un tel emballement de la production comporte le risque d’une détente du marché, et donc d’une baisse des prix du lait. « La production sur la prochaine campagne pourrait atteindre les +3% et devenir supérieure à la demande mondiale, a d’ailleurs averti Gérard You. On est actuellement sur une phase avec des croissances fortes de l’offre et de la demande, mais l’incertitude persiste sur le second semestre avec le retour de la Nouvelle-Zélande ». L’élevage néo-zélandais étant basé sur la valorisation des pâturages, la production laitière connaît en effet un pic important en novembre-décembre. « On peut avoir un retournement », s’inquiète-t-il. « Il suffit de 2 à 3Mt de lait en trop pour qu’il y ait un effet de levier considérable sur les cours du fromage, puis sur les prix du lait et les produits de grande consommation », alerte Gérard You.
Forte concurrence à l’export

Néanmoins, même si une « nouvelle ère d’instabilité, de volatilité et d’imprévisibilité » s’ouvre pour la filière laitière, Gérard You reste serein : « Sur le moyen terme, les fondamentaux sont très bons ». En effet, malgré les réformes entreprises par l’Asie pour augmenter ses rendements laitiers, « sa demande potentielle solvable augmente plus vite que sa croissance de production », assure l’économiste de l’Institut de l’élevage. La seule inquiétude réside en fait dans la prise de ces marchés. Si de grands industriels européens investissent dans des outils de transformation en Asie, l’Océanie a déjà pris position sur ce terrain depuis plusieurs années. « Les pays asiatiques ont des accords bilatéraux avec les exportateurs néo-zélandais et australiens », rappelle Gérard You. Dans un communiqué de presse du 12 avril, le néo-zélandais Fonterra a par ailleurs dévoilé un projet d’investissement dans deux nouvelles super-fermes laitières dans la province d’Hebei en Chine. Fonterra, qui a déjà investi dans 5 fermes en Chine, ambitionne ainsi de produire 1 milliard de litres par an à partir de 2020 sur le territoire chinois.
Vers une baisse des prix du lait ?  

Le syndicat agricole, Confédération paysanne, s'attend à une baisse des prix du lait en avril et met en garde les autorités contre un déséquilibre du marché en raison d'une hausse de la production. "Vous vous réjouissez de l'augmentation de la production laitière en France", soit +5% sur la dernière campagne, ironise le syndicat dans une lettre adressée conjointement au président de la République et au ministre de l'Agriculture, rendue publique mercredi.

Pour le syndicat, marqué à gauche, la hausse de la production ne va pas s'arrêter là avec une augmentation de 1% des quotas pour la nouvelle campagne laitière.
"Vous ouvrez grand les robinets", dénonce la Confédération. Mais dans le même temps des producteurs ne trouvent pas d'acheteurs en raison des difficultés de leurs entreprises, souligne l'organisation syndicale qui cite notamment la Fourme de Montbrison.

 

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