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12 000 agriculteurs et 1 500 tracteurs envahissent Paris...

27 Avril 2010 , Rédigé par jr Publié dans #actualité agricole

 

 

 

 

 

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Personne ne songe à nier la crise que traverse le monde agricole. Elle est profonde. Brutale, même. Mais, pour être plein d'humour, le slogan "fauchés comme les blés", imprimé sur les tee-shirts des céréaliers qui battaient le pavé parisien mardi, ne prêtait pas à rire. Mais plutôt à s'indigner. Ces producteurs de grandes cultures (blé, orge, maïs ou colza...), aux tracteurs trop rutilants pour que l'on épouse leur détresse, se montraient oublieux et peu solidaires.

Oublieux des chiffres, d'abord. La dégringolade de leurs ressources fait suite à une envolée exceptionnelle. En deux ans, le revenu des céréaliers a bien chuté de plus de la moitié, mais il avait... doublé en 2007, quand le déséquilibre de l'offre et de la demande se conjuguait à la faiblesse des stocks. Et si les prix des céréales sont aujourd'hui inférieurs à ce qu'ils ont été sur longue période, les revenus de leurs cultivateurs demeurent supérieurs à ceux des autres agriculteurs, éleveurs et maraîchers en particulier.

Et c'est là que les céréaliers se montrent peu solidaires. Début 2009, Michel Barnier, ministre de l'Agriculture, a réduit les aides européennes dont ils bénéficiaient au profit d'agriculteurs encore moins bien lotis. Le 6 avril, encore, le chef de l'Etat a refusé de revenir sur ce rééquilibrage, que certains continuent à réclamer. La crise, en effet, ne touche pas une profession, mais toute l'agriculture. Et personne ne peut dire que le gouvernement n'en a pas pris la dimension. Il a adopté des mesures d'urgence (1,8 milliard d'euros d'aides de trésorerie) et décrété la "pause environnementale" que les syndicats agricoles lui réclamaient. Il a lancé une réforme de fond avec le projet de loi de modernisation de l'agriculture.

Un texte qui doit permettre au monde paysan de se préparer à la refonte, en 2013, de la politique européenne. L'objectif est clair : élaborer une nouvelle régulation des marchés agricoles pour lutter contre la trop grande volatilité des cours. Y arriver ne pourra être que long.

pagay@latribune.fr

 

 

 

 

Agriculture
Agriculture. L'Europe prête à intervenir sur les marchés
jeudi 29 avril 2010 

Hier à Paris, le nouveau Commissaire a pris le pouls de l'agriculture française. Et souligné l'importance des interprofessions.

Au lendemain d'une manifestation à Paris de céréaliers confrontés à la baisse de leurs revenus, le commissaire européen à l'Agriculture s'est dit prêt, hier, à utiliser les outils de régulation des cours agricoles. Lors de son passage à Paris, il a rencontré Bruno Le Maire, le ministre de l'Agriculture, des sénateurs et la FNSEA.

Pour Dacian Ciolos, le rapport des forces est aujourd'hui trop défavorable aux agriculteurs. « Tout en étant attentif à ce que l'agriculture européenne puisse exprimer sa compétitivité, il y a besoin de mécanismes de gestion de marché », a-t-il souligné. « La Commission est prête à mobiliser le moment venu les mécanismes qu'elle a à sa disposition. Comme elle l'a déjà fait pour le lait ou l'orge.»

Dacian Ciolos a toutefois souligné que les difficultés des céréaliers français venaient après plusieurs années fastes. « Je comprends bien qu'il y a une situation difficile. Mais cette situation vient après quelques années avec de très bons prix. Ce n'était pas le cas pour le secteur laitier

Bruno Le Maire a insisté pour sa part sur la nécessité que les « outils de gestion de marché de l'Union européenne soient utilisés à bon escient au bon moment ». Le ministre de l'Agriculture a rappelé que 11 millions d'euros supplémentaires avaient été dégagés dans le budget européen pour les grandes cultures (maïs, orge, blé...).

Alors que se profile la réforme de la politique agricole commune en 2013, l'Europe pourrait assouplir sa position sur les règles de concurrence. C'est ce qui ressort en tout cas de l'échange avec les sénateurs. « Il y a d'un côté un ou deux éléphants et de l'autre des souris. » Ou, dit autrement, les paysans ne font pas le poids face aux industriels et à la grande distribution. Pour le secteur laitier, des mesures seront annoncées à l'automne. Elles s'appuieront sur le rapport rendu par un comité d'experts en juin.

Face à des marchés dont les mouvements sont de plus en plus erratiques, Dacian Ciolos a souligné « le rôle important des interprofessions ».

 

Le parcours chaotique du prix du blé
par Sébastien Duhamel
Mercredi 10 février 2010

Il n'y a pas si longtemps...
Il y a à peine deux ans – une éternité pour les marchés financiers –, le prix du blé établissait un record historique à 14,49 $ le boisseau. Nous étions en février 2008.

Les médias évoquaient alors quasi quotidiennement le prix de la baguette, qui avait explosé à 0,90 euro en moyenne (1,10 euro chez mon boulanger !). Dans un registre beaucoup plus grave, des émeutes de la faim éclatèrent ici et là, notamment en Egypte, un comble à notre époque et quand on sait que le pain y a été inventé.

Les biocarburants firent également l'actualité, expliquant en partie la hausse des matières premières agricoles.

Divisé par trois depuis ses plus-hauts historiques
Deux ans après, et alors que le pétrole a déjà repris plus de 100% depuis ses points bas de l'année dernière, le prix du blé a été divisé par trois depuis ses plus-hauts historiques. Malheureusement, le prix de la baguette chez mon boulanger n'a pas bougé...

Comment ça fonctionne ?
Le blé est coté sur le CBOT (Chicago Board of Trade) en boisseau, soit l'équivalent de 27,21 kg. Pour l'anecdote, un boisseau est un récipient cylindrique destiné à contenir des céréales. Parfois, le blé est exprimé en cents. Un cours de 468 cents, revient donc 4,68 $ le boisseau.

Volatilité exceptionnelle
Depuis 2007, les matières premières agricoles ont changé de statut. Avec l'arrivée de nouveaux investisseurs tournés vers le court terme. Comme par exemple leshedge funds ou, à une moindre échelle, les particuliers via des trackers et autres produits dérivés.

Cela explique la volatilité exceptionnelle de ces dernières années. L'évolution des matières premières agricoles se calque ainsi de plus en plus sur celle des indices boursiers, et la baisse du prix du blé ces deux dernières années serait en partie due à des fonds contraints de prendre leurs bénéfices pour dégager des liquidités.

Les prix devraient continuer à être plus volatils du fait de ces nouveaux acteurs.

 

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