actualite agricole
Bovins viande et lait - Le bouclage électronique volontaire en place en septembre prochain
La mise au point du bouclage électronique est le résultat d’un travail de trois ans conduit en commun avec trois partenaires : les syndicats (Fnb, Fnpl, Apca), l’interprofession et le ministère de l’Agriculture. « Ce n’est pas une demande de Bruxelles, a tenu à préciser Davy Liger. Le bouclage électronique ne vise pas non plus à remplacer le dispositif de traçabilité actuel très satisfaisant mais de le rendre encore plus performant ». Cette démarche n’est donc en rien comparable à l’identification électronique des ovins et des caprins, obligatoire en juillet prochain. Celle-ci reposant sur une identification des animaux qui ne peut être envisagée que par voie électronique compte tenu de leur caractère grégaire. |
| Bovins viande et lait - Le bouclage électronique volontaire en ... - Rendre cette forme de bouclage électronique volontaire mais officielle (ce qui supposera l'agrément d'un modèle de boucle adapté) donne un délais au marché, ... Web-agri |
Des repères électroniques de type pendentif sont actuellement en cours d'agrément. Les premiers résultats sont positifs, ces repères pourraient être agréés en juillet 2010.
Enfin, les éleveurs qui prévoient de s'équiper en automates souhaiteraient pouvoir poser des identifiants électroniques officiels pour ne pas investir dans des identifiants spécifiques coûteux.
- Pour les animaux déjà identifiés avec des repères conventionnels, la possibilité de poser un repère électronique est ouverte. Les éleveurs pourront choisir les animaux sur lesquels ils souhaitent poser une boucle électronique et à quel moment commander ces repères. Cependant, pour éviter les stocks en élevages, les boucles électroniques devront être posées dans les mêmes délais après la réception de la commande que les boucles de rebouclage.
Deux technologies de boucles électroniques sont disponibles sur le marché, les HDX et les FDX les deux correspondent à la norme ISO. Les lecteurs installés sur les automates d'élevage actuels (présents sur les exploitations ou à la vente) peuvent être compatibles avec les repères HDX, les repères FDX, les deux (compatibilité full ISO) ou aucun des deux.
De plus, il est possible que l'emplacement du lecteur sur l'automate ne soit pas adapté aux boucles auriculaires. Enfin, le logiciel de l'automate peut ne
pas être programmé pour recevoir les 25 chiffres encodés dans les boucles électroniques, certains fonctionnent avec 8 ou 12 chiffres.
Aujourd'hui, pour un fonctionnement avec le plus grand nombre d'automates, les EDE devraient donc être en capacité de fournir les deux types de standards (HDX et FDX).
UE: un quart des emplois du secteur agricole perdus en dix ans
BRUXELLES — L'emploi dans le secteur agricole de l'Union européenne a chuté de 25% entre 2000 et 2009, ce qui correspond à la perte de 3,7 millions d'emplois à temps plein, révèle vendredi une étude de l'office des statistiques Eurostat.
Dans le même temps, le revenu réel par actif (comprenant les activités secondaires non agricoles) a augmenté de 5% en moyenne, note Eurostat.
Si l'on prend les 15 "anciens" pays européens, qui composaient l'UE avant les élargissements intervenus depuis 2004, l'emploi a baissé de 17%. Et le revenu agricole réel par actif a reculé de 10% dans ces pays.
Pour les seuls 12 "nouveaux" pays intégrés en 2004 puis en 2007 (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Chypre, Lettonie, Lituanie, Hongrie, Malte, Pologne, Roumanie, Slovénie et Slovaquie), la chute de l'emploi atteint 31%. Le revenu par actif y a grimpé de manière spectaculaire de 61%.
En 2009, le secteur de l'agriculture employait dans les 27 pays de l'UE l'équivalent de 11,2 millions de personnes travaillant à temps plein (dont un peu plus de la moitié dans les 12 nouveaux Etats européens).
L'an dernier, les cinq Etats totalisant le plus d'emplois agricoles représentaient près des deux tiers du total.
Il s'agissait de la Pologne (20% des emplois soit l'équivalent de 2,2 millions de travailleurs à temps plein), la Roumanie (19% avec 2,1 millions emplois), l'Italie (10% avec 1,2 million d'emplois), l'Espagne et la France (8% chacun avec 0,9 million d'emplois chacun).
Côté revenus, en 2009, la France a accusé sur un an une chute du revenu agricole réel par actif de 19%, l'Italie une baisse de 20,6%, et la Roumanie un recul de 18,3%.
Dans le détail, entre 2000 et 2009, l'emploi a reculé dans tous les pays de l'UE. Parmi les grands pays agricoles, l'emploi a régressé d'environ 11% en Pologne, de 41% en Roumanie, de 16% en Italie et de 17% en Espagne ainsi qu'en France.
Les plus fortes chutes ont été enregistrées en Estonie (-55%), en Bulgarie (-48%) et en Slovaquie (-43%). Les plus faibles diminutions en matière d'emploi se sont situées en Grèce (-3%) et en Irlande (-4%).
Durant ces dix années, le revenu agricole par actif a augmenté dans 17 pays et diminué dans 10 autres. Il a notamment baissé de 19,6% en France.
A noter, les hausses spectaculaires de revenu agricole en Lettonie (+140%), en Estonie (+131%), en Pologne (+107%), au Royaume-Uni (+71%) et en Lituanie (+70%).
Les baisses les plus marquées ont été visibles au Danemark (-46%), en Italie et au Luxembourg (-36% chacun), en Irlande (-30%) et aux Pays-Bas (-28%).
Pour tenir compte du travail à temps partiel et du travail saisonnier, l'emploi agricole est en fait mesuré en "unités de travail annuel", correspondant à la prestation d'une personne exerçant des activités agricoles à temps plein pendant une année.
Congrès des coopératives laitières - Pour des volumes/prix du lait différenciés
( Publié le 03/05/2010 à : 18H 43 min ) |
Les règles de gestion des quotas sont dorénavant obsolètes et constituent, selon Gérard Budin, des entraves à la compétitivité de la filière lait. « La référence au quota ne permet plus une adaptation optimum aux marchés », ajoute le président de la Fncl.
Selon le communiqué du ministère, le ministre a renouvelé à l'interprofession laitière sa demande de lui rendre des propositions avant le 15 mai, sur la base desquelles il proposera en septembre un plan de développement de la filière. Une demande qu’il avait déjà formulée au congrès de la Fnpl à Lille ! « ...le défi de la compétitivité, des territoires, de la performance des entreprises coopératives... » Bruno Le Maire répondait en fait au discours de Gérard Budin, président de la Fncl, au cours duquel il a rappelé son adhésion à la politique de régulation et de contractualisation du gouvernement tout en défendant les caractéristiques du secteur coopératif. Le président de la Fncl estime que les coopératives ont déjà atteint certains objectifs de la Lma en matière de contractualisation. Les enjeux de la Fncl « sont dans le défi de la compétitivité, des territoires, de la performance des entreprises coopératives ». Les règles de gestion des quotas sont dorénavant obsolètes et constituent selon Gérard Budin des entraves à la compétitivité de la filière lait. « La référence au quota n’a plus de réalité économique car elle ne permet plus une adaptation optimum aux marchés », affirme t-il. Le président de la Fncl défend l’idée qu’il « faut lever cette contrainte, tout particulièrement pour les éleveurs qui ont investi et qui ne peuvent exprimer leur capacité de production. »
Renforcer le rôle des interprofessions Partisane de produire au plus juste des marchés pour limiter le risque prix, la Fncl propose un mécanisme « volumes/prix différenciés » qui conduirait à la fixation de prix différenciés en fonction des quantités de lait livrées et de leur destination. Dans cet objectif, « nous demandons une correction des méthodes de calcul du prix du lait ». Mais sans une politique publique d’aménagement du territoire ambitieuse, plus de lait dans les régions défavorisées. « Les handicaps naturels ne pourront pas tous être compensés par l’activité économique. Ils doivent aussi l’être par une politique publique forte, au niveau national et européen » qui soutiendra aussi bien les éleveurs que les laiteries, grandes ou petites. A propos des premières conclusions et recommandations émanant du group de Haut niveau mis en place en octobre dernier, le président de la Fncl attend « qu’il préconise la sécurisation et le renforcement du rôle de notre interprofession en matière d’éclairage des marchés. C’est un point fondamental pour nous. » « Le rôle interprofessionnel doit être sécurisé. Nous avons besoin pour cela d’une adaptation de la réglementation européenne en matière de concurrence ». « Je suis convaincu que l’interprofession est un outil profondément utile pour pallier une dérive trop forte des marchés, pour éviter un alignement au prix mondial et pour préserver la répartition de la valeur dans la filière. »
Interview privée de Philippe Collin, porte parole de la Confédération paysanne, partie 1/6 - « Aujourd’hui il doit rester un outil de maîtrise physique des volumes » |
12 000 agriculteurs et 1 500 tracteurs envahissent Paris...
Personne ne songe à nier la crise que traverse le monde agricole. Elle est profonde. Brutale, même. Mais, pour être plein d'humour, le slogan "fauchés comme les blés", imprimé sur les tee-shirts des céréaliers qui battaient le pavé parisien mardi, ne prêtait pas à rire. Mais plutôt à s'indigner. Ces producteurs de grandes cultures (blé, orge, maïs ou colza...), aux tracteurs trop rutilants pour que l'on épouse leur détresse, se montraient oublieux et peu solidaires.
Oublieux des chiffres, d'abord. La dégringolade de leurs ressources fait suite à une envolée exceptionnelle. En deux ans, le revenu des céréaliers a bien chuté de plus de la moitié, mais il avait... doublé en 2007, quand le déséquilibre de l'offre et de la demande se conjuguait à la faiblesse des stocks. Et si les prix des céréales sont aujourd'hui inférieurs à ce qu'ils ont été sur longue période, les revenus de leurs cultivateurs demeurent supérieurs à ceux des autres agriculteurs, éleveurs et maraîchers en particulier.
Et c'est là que les céréaliers se montrent peu solidaires. Début 2009, Michel Barnier, ministre de l'Agriculture, a réduit les aides européennes dont ils bénéficiaient au profit d'agriculteurs encore moins bien lotis. Le 6 avril, encore, le chef de l'Etat a refusé de revenir sur ce rééquilibrage, que certains continuent à réclamer. La crise, en effet, ne touche pas une profession, mais toute l'agriculture. Et personne ne peut dire que le gouvernement n'en a pas pris la dimension. Il a adopté des mesures d'urgence (1,8 milliard d'euros d'aides de trésorerie) et décrété la "pause environnementale" que les syndicats agricoles lui réclamaient. Il a lancé une réforme de fond avec le projet de loi de modernisation de l'agriculture.
Un texte qui doit permettre au monde paysan de se préparer à la refonte, en 2013, de la politique européenne. L'objectif est clair : élaborer une nouvelle régulation des marchés agricoles pour lutter contre la trop grande volatilité des cours. Y arriver ne pourra être que long.
Hier à Paris, le nouveau Commissaire a pris le pouls de l'agriculture française. Et souligné l'importance des interprofessions.
Pour Dacian Ciolos, le rapport des forces est aujourd'hui trop défavorable aux agriculteurs. « Tout en étant attentif à ce que l'agriculture européenne puisse exprimer sa compétitivité, il y a besoin de mécanismes de gestion de marché », a-t-il souligné. « La Commission est prête à mobiliser le moment venu les mécanismes qu'elle a à sa disposition. Comme elle l'a déjà fait pour le lait ou l'orge.»
Dacian Ciolos a toutefois souligné que les difficultés des céréaliers français venaient après plusieurs années fastes. « Je comprends bien qu'il y a une situation difficile. Mais cette situation vient après quelques années avec de très bons prix. Ce n'était pas le cas pour le secteur laitier.»
Bruno Le Maire a insisté pour sa part sur la nécessité que les « outils de gestion de marché de l'Union européenne soient utilisés à bon escient au bon moment ». Le ministre de l'Agriculture a rappelé que 11 millions d'euros supplémentaires avaient été dégagés dans le budget européen pour les grandes cultures (maïs, orge, blé...).
Alors que se profile la réforme de la politique agricole commune en 2013, l'Europe pourrait assouplir sa position sur les règles de concurrence. C'est ce qui ressort en tout cas de l'échange avec les sénateurs. « Il y a d'un côté un ou deux éléphants et de l'autre des souris. » Ou, dit autrement, les paysans ne font pas le poids face aux industriels et à la grande distribution. Pour le secteur laitier, des mesures seront annoncées à l'automne. Elles s'appuieront sur le rapport rendu par un comité d'experts en juin.
Face à des marchés dont les mouvements sont de plus en plus erratiques, Dacian Ciolos a souligné « le rôle important des interprofessions ».
Le parcours chaotique du prix du blé
par Sébastien Duhamel
Mercredi 10 février 2010
Il n'y a pas si longtemps...
Il y a à peine deux ans – une éternité pour les marchés financiers –, le prix du blé établissait un record historique à 14,49 $ le boisseau. Nous étions en février 2008.
Les médias évoquaient alors quasi quotidiennement le prix de la baguette, qui avait explosé à 0,90 euro en moyenne (1,10 euro chez mon boulanger !). Dans un registre beaucoup plus grave, des émeutes de la faim éclatèrent ici et là, notamment en Egypte, un comble à notre époque et quand on sait que le pain y a été inventé.
Les biocarburants firent également l'actualité, expliquant en partie la hausse des matières premières agricoles.
Divisé par trois depuis ses plus-hauts historiques
Deux ans après, et alors que le pétrole a déjà repris plus de 100% depuis ses points bas de l'année dernière, le prix du blé a été divisé par trois depuis ses plus-hauts historiques. Malheureusement, le prix de la baguette chez mon boulanger n'a pas bougé...
Comment ça fonctionne ?
Le blé est coté sur le CBOT (Chicago Board of Trade) en boisseau, soit l'équivalent de 27,21 kg. Pour l'anecdote, un boisseau est un récipient cylindrique destiné à contenir des céréales. Parfois, le blé est exprimé en cents. Un cours de 468 cents, revient donc 4,68 $ le boisseau.
Volatilité exceptionnelle
Depuis 2007, les matières premières agricoles ont changé de statut. Avec l'arrivée de nouveaux investisseurs tournés vers le court terme. Comme par exemple leshedge funds ou, à une moindre échelle, les particuliers via des trackers et autres produits dérivés.
Cela explique la volatilité exceptionnelle de ces dernières années. L'évolution des matières premières agricoles se calque ainsi de plus en plus sur celle des indices boursiers, et la baisse du prix du blé ces deux dernières années serait en partie due à des fonds contraints de prendre leurs bénéfices pour dégager des liquidités.
Les prix devraient continuer à être plus volatils du fait de ces nouveaux acteurs.
Paroles d'experts la chute des prix Agricoles
MAI 2008
« On ne retrouvera jamais
les prix bas des années 90 »
Philippe Chalmin, économiste spécialiste du marché
des matières premières, répond aux attaques de
Jacques Carles et exprime son point de vue sur l’état
du marché agricole.
Que pensez-vous du modèle économique du Moma ?
Rien, puisqu’à ma connaissance, ils n’ont encore rien publié. Je ne
peux pas critiquer sans savoir. Mais je pense bien connaître le sujet, et je ne vois pas ce qu’ils
pourraient apporter de nouveau qui n’aurait jamais été essayé d’une manière ou d’une autre.
Jacques Carles accuse les experts qui annoncent des prix durablement élevés de pousser
à la spéculation. Que lui répondez-vous ?
Je ne dis pas que les prix vont rester aussi élevés qu’aujourd’hui. Je pense qu’ils devraient fl échir,
mais que l’on ne retrouvera jamais les prix bas des années 90. Bien plus que la volatilité, qui parfois
est due à la spéculation, la fl ambée des prix est surtout imputable à un déséquilibre. Dans les
années 90, la faiblesse des prix a poussé à un virage des politiques agricoles. Aux États-Unis et
en Europe, on poussait les agriculteurs à produire peu. Aujourd’hui, il y a une augmentation de la
demande. Alors on se retrouve avec un déséquilibre entre l’offre et la demande.
Comment peut-on régler ce problème ?
Il faut prendre au sérieux le message des marchés : la rareté est un problème. Il faut donc développer
les productions, voire atteindre l’autosuffi sance alimentaire. Si on veut que les producteurs donnent
au marché, il faut leur donner un prix. Et ceci passe par une politique agricole. Seulement qui peut
la payer ? Les consommateurs ou les contribuables. Et en Afrique, il n’y a ni l’un, ni l’autre. Dans
ce cas, c’est à la communauté internationale d’aider. Mais je ne crois pas à une politique agricole
internationale. C’est de l’utopie.
■
Jacques Carles, délégué général de
MOMAGRI, le Mouvement pour une
organisation mondiale de l’agriculture.
MOUVEMENT POUR UNE ORGANISATION MONDIALE DE L’ A G R I C U LT U R E
«Tout le monde nous a pris pour
des fous furieux »
– Jacques Carles
En mars 2008, le
Mouvement pour une organisation
mondiale de l’agriculture (MOMAGRI)
a prédit que les prix des matières agricoles
allaient s’effondrer brutalement.
Au Parlement européen, les porteparole
de la nouvelle organisation ont
passé pour une bande d’hurluberlus.
Trois mois plus tard, la chute drastique
des prix allait donner raison à MOMAGRI,
créé pour rappeler que l’agriculture
est essentielle pour l’avenir de
l’humanité.
« Tout le monde nous a pris pour
des fous furieux », rappelle Jacques
Carles, délégué général de MOMAGRI.
Celui-ci était de passage la semaine
dernière à Québec pour expliquer les
origines et les objectifs de MOMAGRI.
Né en décembre 2005 à l’initiative de
responsables du monde coopératif et
d’économistes français, MOMAGRI
entend proposer au monde un modèle
qui tient compte du caractère spécifique
et stratégique de l’agriculture.
D’ici la fin de l’année, MOMAGRI
entend créer une agence d’évaluation
et de notation. Cette agence aura pour
fonction de bâtir des indicateurs qui
permettront de mieux saisir l’importance
des phénomènes propres à l’agriculture,
dont la volatilité des prix.
Selon Jacques Carles, les grandes
organisations internationales, telles la
Banque mondiale, l’Organisation
mondiale du commerce (OMC) ou
l’Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO),
basent leurs interventions sur l’indicateur
ESP. Cet indicateur, mis au point
par l’Organisation de coopération et
de développement économiques
(OCDE) dans les années 70, évalue le
soutien public à l’agriculture en pourcentage
de la valeur de la production.
« Cet indicateur est faux et archi
faux, affirme à la
Terre Jacques Carles.
On ne tient pas compte des éléments
de soutien public qui sont des dépenses
annexes et qu’on ne retrouve pas
dans les budgets. Chaque État a sa
manière pour réduire le déficit apparent
et isoler certaines dépenses. Les
Américains sont très forts pour ça. »
Jacques Carles estime que les négociations
« schizophréniques » de
l’OMC du cycle de Doha sur l’agriculture
ne peuvent que conduire au
désastre. À son avis, l’OMC fonctionne
« à l’aveugle » parce qu’elle ne dispose
pas de données fiables depuis
six ans. Il juge que les négociations y
sont « un jeu de poker menteur » et
de croire que la libéralisation des
échanges profitera aux pays pauvres
constitue « une absurdité incroyable
».
« C’est devenu une tarte à la crème
médiatique, déclare-t-il. Tout le
monde a l’impression que c’est la réalité.
Il y a une illusion extraordinairement
dangereuse de penser que si on
arrête les subventions dans les pays
riches, demain les pays pauvres vont
exporter. Oui, mais ils n’ont plus d’agriculture.
Ils vont exporter quoi? C’est
absurde de penser que, si on produit
deux fois plus, les hommes mangeront
deux fois plus. »
Autre absurdité, Jacques Carles met
en évidence le fait que la Banque
mondiale n’a consacré en moyenne
que 3% de ses prêts à l’agriculture au
cours des trente dernières années.
Rien d’étonnant, juge-t-il, à ce que l’agriculture
des pays pauvres ne se soit
pas développée. La spéculation,
ajoute-t-il, vient amplifier la volatilité
des prix des matières agricoles.
Aujourd’hui, près de la totalité des
contrats à la Bourse sont purement
spéculatifs et les écarts de 10 à 15 %
en quelques heures sont monnaie
courante.
« Pour un spéculateur qui aime
jouer, caricature Jacques Carles, c’est
vraiment casino! Les modèles actuels
considèrent que l’offre s’ajuste
automatiquement à la demande. La
seule chose qui est prévisible, c’est
l’instabilité des prix. »
OGM : la hausse des rendements contestée
"Depuis des années, les industriels claironnent qu'ils vont nourrir le monde, en promettant que les OGM produiront de meilleurs rendements. Mais après vingt ans de recherches et treize ans de commercialisation, les fermiers américains qui ont recours à ces semences n'ont guère récolté davantage à l'acre (0,4 hectare). En comparaison, l'agriculture traditionnelle continue d'avoir de meilleurs résultats", affirme l'auteur du rapport, Doug Gurian-Sherman.
Pour aboutir à cette conclusion, ce biologiste a passé au crible toutes les statistiques et études académiques publiées sur le soja et le maïs, les deux cultures transgéniques les plus répandues aux Etats-Unis, oùprès de 90 % des surfaces plantées en soja le sont en OGM, tout comme plus de 60 % des surfaces consacrées au maïs.
Trois OGM dominent le marché. Une variété de maïs résistante à certains insectes nuisibles - comme la pyrale, une chenille qui dévore les tiges de la plante de l'intérieur - et deux variétés tolérantes aux herbicides, l'une de maïs et l'autre de soja. Ces deux dernières "n'ont apporté aucune amélioration des rendements", affirme le rapport.
Concernant le maïs Bt (Bacillus thuringiensis), résistant aux insectes, comme le Mon810, l'accroissement de la production s'est avéré "marginal", sauf dans les cas de fortes invasions, où une hausse de 7 % à 12 % a pu être observée. Ces résultats s'appuient en partie sur des récoltes obtenues en Europe, où le maïs Bt est largement exporté.
La hausse de la productivité au cours des dernières années tient davantage à d'autres facteurs d'innovation agricole, selon le rapport. L'auteur juge même en conclusion qu'il serait dangereux de miser sur les OGM pour assurer les besoins alimentaires d'une planète qui comptera 9 milliards d'habitants en 2050, soit près de 50 % de plus qu'aujourd'hui.
"FAUSSE PROMESSE"
Ce rapport n'est pas le premier à dénoncer la "fausse promesse" des OGM. Et le constat n'émane pas seulement de cercles réputés hostiles aux biotechnologies. En 2006, les chercheurs du ministère américain de l'agriculture, faisant le bilan des dix premières années de cultures transgéniques, ne constataient pas d'amélioration significative des rendements. Alors que les enquêtes réalisées auprès des fermiers montraient que ce point constituait la principale raison de se tourner vers les OGM.
Les semenciers ont jusqu'à présent catégoriquement réfuté ces affirmations. Proche des multinationales du secteur, le cabinet de conseil PG Economics expliquait, en février, que "les faits montrent que sur l'ensemble des pays ayant recours à des maïs OGM résistant aux insectes ravageurs, les rendements ont crû de 5,7 % entre 1996 et 2006". Et d'ajouter que "les performances sont d'autant plus fortes quand le pays a peu de moyens pour lutter contre les pestes animales". Toujours selon PG Economics, le coton transgénique aurait entraîné une augmentation des rendements de 50 % en Inde, le maïs OGM faisant de même à hauteur de 24 % aux Philippines.
En France, Luc Esprit, directeur de l'Association générale des producteurs de maïs (AGPM), se dit surpris par les conclusions de l'UCS : "Je ne peux parler que de nos résultats. Mais entre 2005 et 2007, jusqu'à ce que le Mon810 soit interdit, nous avons enregistré, en moyenne, un écart de 6 à 8 quintaux à l'hectare entre les parcelles de maïs OGM et les parcelles traditionnelles."
Ce débat sur les rendements s'ajoute à ceux concernant l'innocuité des OGM sur la santé humaine et leur incidence sur l'environnement. Mercredi 15 avril, la Commission européenne (après avoir vainement tenté de jouer les gendarmes contre les pays récalcitrants) a décidé de se donner le temps de la réflexion sur le Mon810.
Crise ouverte, la FNSEA écartelée entre éleveurs et céréaliers
Le congrès de Poitiers du 31 mars au 2 avril s'annonce houleux. Les grandes cultures font tanguer le premier syndicat agricole français. On se déchire à propos des aides européennes.
Car cette défaite, les grands céréaliers n'y croyaient pas. Jamais, pensaient-ils, le ministre n'osera. Michel Barnier a pourtant tranché. Au nom de la justice.
Histoire d'un casse réussi. Monté dans l'ombre par Pierre Chevalier, le président de la Fédération nationale bovine. L'homme revient de Bruxelles. Avec le sourire. « La Commission nous soutient, glisse-t-il au téléphone. Mais c'est vrai, ça a été très dur. J'ai pris des coups. » Mieux répartir les aides européennes. Depuis longtemps, l'éleveur corrézien en parlait. Sans réussir à se faire entendre. Échec cuisant l'an dernier, lors du congrès de la FNSEA à Nantes.
Inégalités
Bien décidé à faire bouger les lignes, Pierre Chevalier a mûri sa contre offensive. « On ne nous prenait pas au sérieux. J'ai fait plancher des économistes», ajoute-t-il. En pointant du doigt les inégalités de revenus à l'intérieur même du monde agricole: 30000 € en moyenne de revenu par an pour un céréalier en 2008, 14100 € pour un éleveur de bovins. Moins encore : pour les maraîchers : 8570 €.
Cherchez l'erreur. Lorsque le cours des céréales a doublé, jamais les céréaliers n'ont proposé de partager. Aujourd'hui, il payent le prix fort. Et laissent au président de la FNSEA le soin d'éteindre l'incendie. Un crève-coeur pour Jean-Michel Lemétayer. Comme mercredi lors du congrès des producteurs de lait au Mans. Alors qu'il plaidait l'avenir de la filière laitière, les céréaliers défilaient à la même heure à Paris.
C'est ce qui s'appelle un coup de poignard dans le dos. « Les manifestants ont dénoncé la politique du ministre, pas celle la FNSEA », dit-il pour se rassurer. « À voir », analyse Stéphane Le Foll, député européen et spécialiste des questions agricoles au PS. « Ce virage pris à reculons n'a pu se faire sans l'aval de la direction de la FNSEA. D'ailleurs, cette réforme était nécessaire. » Jean-Michel Lémétayer le sait bien, lui aussi. Mais préfère aujourd'hui ne pas en parler. Conscient de l'ampleur de la crise qui secoue le premier syndicat agricole français.
320 000 adhérents
En dépit de ses 320 000 adhérents et de ses 20 000 élus, la Fnsea est un colosse aux pieds d'argile. Un syndicat contraint de s'adapter dans l'urgence. Pour répondre au défi d'une agriculture à la fois productive et respectueuse de l'environnement. Mais aussi affronter la remise à plat de la politique agricole européenne. « La FNSEA a géré de façon conservatrice des acquis. L'agriculture sera au coeur de la prochaine législature européenne, analyse Stéphane Le Foll. Pour justifier des aides, un projet agricole sera indispensable. »
Mais c'est un sacré défi. Car l'agriculture n'échappe pas au repli sur soi. À la remise en question des institutions. Chacun en veut pour son argent. « Je n'ose croire que pour certains, le syndicalisme puisse se résumer à des aides Pac », insiste Jean-Michel Lemétayer qui ne veut pas croire à une scission. Pour gagner la bataille de Poitiers, le supporter du Stade Rennais parie sur le collectif. Quitte à jouer les prolongations. « S'il faut débattre jusqu'à une heure du matin, on le fera. »