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Faire du blé avec le blé !

30 Janvier 2009 , Rédigé par jr Publié dans #actualité agricole



Quand mûrira le blé !

En 2007, la tonne de blé vendue 100€ a vu son prix flamber de 250 à 350 €, soutenus par des stocks mondiaux de blé épuisés. L’euphorie régnait chez les agriculteurs briards qui, cette fois, ne déploraient pas leur situation. Aujourd’hui, elle se négocie autour de 110€

Dans son rapport annuel rendu le 12 janvier dernier, le Département Américain de l’agriculture revoyait à la hausse le stock mondial de 1 million de tonnes. Les bonnes récoltes des principaux pays producteurs n’ayant pas soufferts d’aléas climatiques en sont la cause, autant que le ralentissement de la demande.

Ce dernier facteur pourrait rendre anxieux les céréaliers de Seine-et-Marne. Mais si l’inflation risque de suivre les politiques des gouvernements et de leurs banques centrales, instaurées afin d’éradiquer la crise – soutiens à la consommation et au crédit -, elle a alors généralement un effet mécanique qui dynamise les cours des matières premières et alimentaires. Et si le prix stagnant du pétrole doit reprendre son ascension, il entraînera avec lui celui des céréales à destination des « biocarburants », populaires et éthiques même si le réel coût écologique de production reste encore à démontrer.

Ce mois-ci, un article du Monde signalait : « … après leur déculottée du deuxième semestre 2008, les fonds spéculatifs réapparaissaient sur le marché du blé. Timidement. »

N’étaient t’ils pas déjà pointés du doigt quand les cours s’emballaient… avant la crise ?


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Vilmorin : "La crise n'a pas d'impact sur notre activité"

30 Janvier 2009 , Rédigé par jr Publié dans #actualité agricole

Malgré la gravité de la crise économique, certaines entreprises échappent au marasme. C'est notamment le cas du groupe français Vilmorin. La demande pour les produits du quatrième plus important producteur de semences agricoles au monde reste en effet vigoureuse. A quelques jours de la publication de son chiffre d'affaires, explications avec Daniel Jacquemond, le directeur financier du groupe.

Capital.fr : quelles sont les répercussions de la crise sur l'activité de Vilmorin ?

Daniel Jacquemond : Pour l'instant, nous ne ressentons pas d’impact majeur sur notre activité. Lors de la campagne d'automne, les agriculteurs n'ont pas réalisé d'arbitrages importants entre les types de cultures et il semble que les surfaces de production soient stables. Concernant la saison de printemps, il est encore trop tôt pour se prononcer. Par contre, si la demande ne baisse pas en tant que tel, le risque s'est accru dans certains pays à cause des problèmes de financement. En Europe de l'Est, notamment en Ukraine et en Russie, nous craignons que des agriculteurs se retrouvent incapables de faire face à leurs engagements. Nous sélectionnons donc plus attentivement nos clients.

Capital.fr: Une des conséquences de la crise financière a été l'effondrement des cours matières premières agricoles. Cette évolution vous a-t-elle obligé à abaisser vos tarifs ?
Daniel Jacquemond : Il n'y a pas de lien direct entre la demande en semences et l'évolution des cours des matières premières alimentaires sur les marchés financiers. La chute des derniers mois n'a donc pas eu d'impact sur notre activité. A plus long terme, un maintien des prix à bas niveau pourrait créer des difficultés pour certains exploitants agricoles. Même dans un tel scénario, nous sommes relativement protégés car nous sommes très en amont dans la chaîne agro-alimentaire. Avant de réduire ses achats de semences, poste stratégique de son compte d’exploitation, un agriculteur commencera par couper dans ses dépenses de main d'œuvre, d'engrais ou d'eau.

Capital.fr : Vous maintenez donc votre prévision d'une croissance de votre chiffre d'affaires en 2008-2009…
Daniel Jacquemond : Cet objectif est toujours d'actualité pour l’exercice 2008-2009. Il faut toutefois rester prudent à moyen terme. Il est à craindre que notre secteur subisse un impact plus important de la crise durant les prochaines saisons. Mais, nos perspectives à long terme restent excellentes : l'évolution des habitudes de consommation alimentaires et la croissance démographique assurent un bel avenir à notre secteur d’activité. Et c'est sans compter les 900 millions de personnes ne mangeant pas à leur faim dans le monde. L’innovation nous permettra de répondre à cette demande en forte augmentation.

Capital.fr : Estimez-vous avoir une certaine responsabilité face à cette situation ?
Daniel Jacquemond : Ce thème nous tient beaucoup à cœur chez Vilmorin. Les investisseurs ne devraient pas pouvoir spéculer sur les prix des matières premières destinées à l’alimentation. Nous défendons le retour à une plus grande régulation des marchés agricoles mondiaux de sorte de limiter et d’encadrer la volatilité des marchés agricoles et ainsi contribuer à garantir la sécurité alimentaire des Etats.

Propos recueillis par Guillaume Dubois
 

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FCO : un collectif pour « le droit à la non-vaccination »

29 Janvier 2009 , Rédigé par jr Publié dans #Santé Nutrition

jeudi 29 janvier 2009

Groupement des agrobiologistes
FCO : un collectif pour « le droit à la non-vaccination »

Dans un communiqué, le Groupement des agrobiologistes de la Côte-d'Or (GAB 21) informe : « Un arrêté ministériel rend obligatoire la vaccination contre les sérotypes 1 et 8 de la Fièvre catarrhale ovine (FCO). Cependant, qu'ils soient en élevage biologique ou non, face à la FCO, nombreux sont les éleveurs qui préfèrent privilégier et stimuler l'immunité naturelle de leurs animaux plutôt que d'avoir recours à la vaccination. En effet, la FCO sous la forme du sérotype 8 est présente sur notre territoire depuis 2 ans et beaucoup d'animaux de nos élevages ont su développer leur protection par le biais de leurs anticorps. C'est pourquoi, le mercredi 21 janvier, le GAB21 proposait une réunion à Pouilly-en-Auxois aux éleveurs qui avaient fait le choix de ne pas vacciner en 2008. À l'issue de la matinée, une vingtaine d'éleveurs ont décidé de constituer un collectif pour revendiquer la liberté de choisir des méthodes et protocoles de prévention et de médecines alternatives qui ont fait leurs preuves dans beaucoup d'élevages depuis 2 ans. Rappelons que cette maladie est vectorielle, non contagieuse et non transmissible à l'homme, elle affecte la faune sauvage qui se comporte comme un réservoir non-contrôlable. Ensuite, il existe à ce jour 24 sérotypes différents pouvant d'une façon ou d'une autre atteindre rapidement notre territoire. De plus les vaccins proposés précipitamment ne réunissent pas toutes les garantis d'efficacités et d'absence d'effets secondaires, ils ne disposent en effet que d'une Autorisation Temporaire d'Utilisation (ATU). Pour toutes ces raisons, l'obligation de vacciner ne semble pas être la solution pour tous les éleveurs réunis à Pouilly. Contrairement à d'autres épizooties, le collectif, sachant que la non-vaccination n'aura pas de conséquences sur les cheptels avoisinants, sans s'opposer à la vaccination, réclame tout simplement la liberté de choisir. »

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Du lait en self service Doudeville

27 Janvier 2009 , Rédigé par jr Publié dans #Santé Nutrition

Du lait en self service Doudeville - kewego
Du bon lait frais sorti tout droit du pie de la vache et vendu en self-service dans un distributeur de lait.... C'est l'idée mise en pratique par deux frères du pays de Caux. L'occasion de redécouvrir le vrai goût du lait, celui de l'enfance.

www.seinemaritime.tv
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Normandie

27 Janvier 2009 , Rédigé par jr Publié dans #Santé Nutrition

samedi 24 janvier 2009
Lait cru : Isigny et Lactalis signent l'armistice

Chez Isigny comme chez Lactalis, on croit à nouveau au camembert au lait cru. : Archives « Ouest-France »/Jérôme Fouquet

La coopérative laitière d'Isigny ¯ Sainte-Mère et Lactalis reprennent le chemin du camembert de Normandie. Au lait cru. Qui l'eut cru ?

La coopérative laitière d'Isigny ¯ Sainte-Mère et le groupe Lactalis parlent de revenir de plain-pied dans le circuit du véritable camembert de Normandie au lait cru. Claude Granjon, le directeur adjoint de la coopérative d'Isigny, explique avec franchise : « Nous avions quitté l'AOC camembert au lait cru, pour des raisons uniquement sanitaires et la mort dans l'âme. Cette AOC est fondatrice de notre histoire au même titre que celles de nos beurres et crèmes. » Depuis avril 2007, la coopérative avait toutefois reçu un bon accueil de ses camemberts, microfiltrés, « aux laits de fermes sélectionnées ».

 

Pour revenir au lait cru, elle buttait sur la détection de la redoutable listeria eschericia coli 026. « Nous avons investi dans une machine à analyses sophistiquée. Elle nous permet de procéder à des vérifications quotidiennes, des citernes et des séries de lots de camemberts, pour détecter la présence de ces germes pathogènes. »

Recommandationsaux femmes enceintes

Sur un fichier de cent élevages de race normande, la coopérative en a sélectionné cinquante. La moitié approvisionne les nouvelles fabrications. L'autre moitié reste en réserve en cas de pépin. « Sous notre marque, dès le 1er avril, nous proposerons des camemberts Appellation d'origine protégée (AOP) au lait cru dans les rayons à la coupe des grandes surfaces. Chez les crémiers, nous créons un « super-médaillon AOP », au lait cru. » Et par obsession sécuritaire, Claude Granjon conclut : « Nous apposerons sur l'étiquette des recommandations à destination des femmes enceintes, des très jeunes enfants et des personnes âgées. »

Lactalis est dans une autre démarche. Deux ateliers de petite taille, Jort et Moulin de Carel (Calvados) ont toujours continué leurs fabrications de camembert au lait cru de Normandie. Ils n'ont jamais quitté le giron de l'AOP. En revanche les deux marques Lepetit, de Saint-Maclou (Calvados), et Lanquetot à Orbec, ont abandonné le lait cru en 2007 ? Conséquence : en décembre l'usine de Saint-Maclou a mis la clé sous la porte. Si « rien n'est encore décidé, comme le souligne Luc Morelon, directeur de la communication de Lactalis, le groupe envisage de relancer la fabrication au lait cru, via notamment, la marque distributeur de Leclerc. »

 

François LEMARCHAND
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Jeunes agriculteurs - Pour des aides qui reposent sur des objectifs économiques et environnementaux

26 Janvier 2009 , Rédigé par jr Publié dans #Pac

A quelques semaines des décisions attendues sur la réorganisation des aides, Jeunes Agriculteurs a rappelé, que le syndicat défend l’instauration d’une aide spécifique à la culture de protéagineux de 150 à 200 euros par hectare. JA souhaite aussi une véritable prime à l’herbe de 140 à 150 euros par hectare.


( Publié le 14/01/2009 à : 10H 15 min )
 

De gauche à droite, Jérome Volle, William Villeneuve (président JA),
Bruno Ledru et Jean Michel Schaeffer  (© Terre-net Média)
Selon William Villeneuve, président de Jeunes Agriculteurs, la « convergence » des aides en productions animales et en productions végétales évoquée mercredi 7 janvier par les responsables d’Orama (Agpm, Agpb et Fop) ne fait pas partie des revendications du syndicat.

« Il sera un jour ou l’autre difficile de justifier, sans réelle contrepartie sociétale et environnementale, leur légitimité auprès du contribuable et de leurs représentants parlementaires », expliquait-il jeudi 8 janvier lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat qui portait essentiellement sur la mise en œuvre du Ppp auquel les responsables de JA sont très attachés (Pour plus d'informations, lire l'article correspondant en cliquant ici).

Mais la conférence de rentrée a cependant été l’occasion pour JA de rappeler, à quelques semaines des décisions attendues du gouvernement sur la réorientation des aides Pac (dans le cadre du bilan de santé), la nécessité d’instaurer une aide spécifique à la culture de protéagineux de 150 à 200 euros par hectare. « Cela ne représenterait qu'un effort budgétaire de 500 millions d’euros environ (autour de 1% des soutiens publics à l’agriculture) et contribuerait à relancer la filière « protéines végétales », défend JA.

Pour une prime à l'herbe de 150 euros

Le syndicat souhaite par ailleurs une véritable prime à l’herbe de 140 à 150 euros par hectare, soit la moitié environ de ce que les éleveurs de bovins touchent par ha de maïs ensilage.

Mais pour favoriser le maintien important d’agriculteurs en activité, JA estime que cette prime à l’herbe doit être dégressive et plafonnée à 50ha de prairies par actif présent sur les exploitations. Ces deux exemples d'aides seraient d'une certaine manière « écolo-compatibles ».

En fait, hormis ces deux suggestions, les responsables de JA se sont réservés d’annoncer quelle serait selon eux la meilleure répartition des crédits disponibles dans le cadre de l’article 68 du règlement européen. Il permet au gouvernement de redistribuer jusqu’à 10% des soutiens publics reçus du 1er pilier.

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L’architecture traditionnelle du Pays de Caux

25 Janvier 2009 , Rédigé par jr Publié dans #pays de caux

Les habitations de la ferme :

La chaumière à pan de bois :

 Habitation originelle du « clos masure », cette construction à pan de bois, torchis et, initialement couverte en chaume, présente un volume très allongé. L’aspect de ses façades se caractérise par le rythme très serré des colombes verticales. Ce type de colombage, propre au pays de Caux, est dit « Rouennais ». A l’intérieur, les principaux espaces de vie sont liés à la cheminée et occupent toutes la largeur de la construction. Quand aux combles, lieu de stackage du grain notamment, ils sont accessibles par un ou deux escaliers intérieurs situés près des pignons ou extérieur et protégés par une queue de geai.

La demeure des grandes exploitations :

 A partir du XVIII ème siècle, sur ces terres très fertiles du plateau, les riches exploitants se font construire une nouvelle demeure. Implantée au cœur du clos masure, mise en valeur par un portique d’entrée maçonné et une longue allée centrale, cette construction a pour vocation de se démarquer de l’activité agricole. Sur le modèle de la maison bourgeoise de ville, la perfection esthétique est recherchée. A travers laz qualité de mise en œuvre des matériaux et la symétrie des volumes, des ouvertures, des lucarnes et des souches de cheminées, l’habitation n’exprime plus les usages liés à l’activité des maitres des lieux mais simplement leur richesse. A l’intérieur, on retrouve un plan qui se veut symétrique avec les pièces principales réservées à la famille.

Les annexes de la ferme :

La grange à bâttière :

cache-468x400_N-06-1741web-468x400.jpg Conçue pour le stockage et le battage des gerbes au fléau, la grange à bâttière est une construction du XVIIIème siècle. Les gerbes de blé et d’avoine, récoltées lors de la saison estivale, étaient mises en réserve dans les parties latérales de la grange. Le battage s’effectuait en hiver lorsque les travaux agriciles étaient terminés en plaine. A partir du XIXème siècle, dans les fermes les plus importantes, un manège est construit, adossé à la grange. Ce bâtiment de forme hexagonale (plus rarement ronde ou carrée) permet un battage mécanique du blé. Enfin, courant XXème, après le remplacement de l’énergie animale par la vapeur, l’arrivée de la batteuse à roue permet le battage à l’extérieur : la grange retrouve sa fonction unique de stockage ou sert de remise après de nouvelles transformations.

Le colombier :

cache-249x400_N-06-1744web-249x400.jpg
Marque du fief seigneurial, à la valeur symbolique forte, le colombier sert à abriter les pigeons du domaine. De forme circulaire ou octogonale, il est construit en pierre, brique ou silex. A l’intérieur, la partie haute est tapissée de boulins, sortes de niches construites en argile. L’homme accède à ces nichoirs par une échelle tournante caractéristique.

L’entrée du clos :

Le portail ferme l’entrée du clos masure et protège la vie privée. Fait d’une barrière à latte en chêne à deux vantaux et deux piliers maçonnés, le jeu de dessin des matériaux et des couleurs valorise la propriété. Au pied des piliers, deux longues pierres de grès chassaient les roues des charriots et charrettes pour préserver l’ouvrage.

Bibliographie :

- Exposition "Paysages et architectures traditionnelles en Seine-Maritime - CAUE 76 - février 2007.

 

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Vivre d’herbe et d’eau fraiche: un exemple concret de décroissance

24 Janvier 2009 , Rédigé par jr Publié dans #pays de caux




Ce qui manque à la décroissance, ce sont des expérimentation concrètes qui montreraient qu’elle est un système économiquement, socialement et écologiquement viable. Le véritable modèle de la décroissance c’est l’économie de l’économie. Au cours d’une étude dans le pays de Caux en Normandie, nous avons avec plusieurs amis developpé un projet agricole où moins produire veux dire mieux vivre à tout point de vue.

Le pays de Caux et l’élevage laitier

La Normandie est une région d’élevage, il y pousse parmi les plus beaux pâturages de France. La conjonction d’une bonne pluviométrie et de températures douces toute l’année permet la pousse de prairies d’une qualité exceptionnelle. En lien avec cet agro-écosystème particulier, la vache Normande est connue pour ses excellentes qualités laitières et ses aptitudes maternelles. Assez rustique, elle produit un lait de haute qualité, qui permet l’élaboration de fromages qui sont exportés aux quatre coins du monde. Le pays de Caux, auquel nous allons nous intéresser, est plutôt resté fameux pour son beurre et sa crème, même si aujourd’hui cette activité sous son aspect traditionnel a pratiquement disparu.

home_cow-nbLa vache Normande - Image d’Épinal du Mont Saint Michel

Le pays de Caux est formé d’un plateau crayeux, donnant directement sur la Manche. Ce bord de mer magnifique est bordé de remparts blancs, où la mer lance chaque jour ses assauts. La côte d’albâtre est le nom de la ligne de front où la terre et l’eau s’affrontent depuis des siècles. Sa tête de pont la plus célèbre est la fameuse falaise d’Etretat qui se tient fièrement contre vents et marées. Ce plateau est parcouru du Sud au nord par des rivières qui ont creusées quelques vallées à fond plat sur une centaine de mètre.

la-cote-dalbatre-panormiqueLa côte d’albâtre

Aujourd’hui, sur les plateaux qui surmontent cette vallée, on trouve pour simplifier de grands cultivateurs de pomme de terre (les patatiers) et des éleveurs, laitiers pour la plupart. Traditionnellement, l’habitation est le clos-masure entouré de ses haies de hêtres et accueillant en son sein potager, verger, mare, maison et bâtiments agricoles. Cette particularité paysagère trouve sa source dans la possibilité d’isoler une partie des terres de la pâture commune, autrefois pratiquée. Avec l’arrivée de la mécanisation et de l’agrandissement des parcelles tout au long de la deuxième moitié du XX siècle, les haies ont été démembrées pour laisser peu à peu un paysage d’openfield (champ ouvert) où l’arbre s’est fait de plus en plus rare. Ce phénomène a certes apporté des niveaux de productivité très élevés, mais a eu également comme conséquence, en dehors du fait de faire perdre à cette région son aspect typique avec ses talus Cauchois, de provoquer des problèmes écologique graves.

L’histoire du pays de Caux

Le système laitier traditionnel comptait de petites exploitations, souvent en fermage des châtelains qui avaient fait fortune dans l’industrie drapière. L’activité laitière, essentiellement organisée autour de la race normande et des pâturages produisait du beurre et de la crème. Les paysans disposaient d’un cheval pour la charrue, qui était apparue dans cette région de manière précoce. L’assemblage de tous ces labours faisait un paysage de “champs ouverts et morcelés” pour reprendre l’expression de Marc Bloch. Les pentes des bassins versant étaient, du fait de leur difficulté d’accès et donc de labourage, laissées à la foret. Par le morcellement des parcelles et des labours, par la couverture forestière des flancs de vallées et la présence massive de l’arbre dans les talus qui bordaient les clos-masure, les pluies qui tombaient en abondance, en particulier pendant l’automne, étaient contrôlées et on avait jamais vu une inondation dans les vallées, là où se concentrait l’essentiel des bourgs.

La situation actuelle

Aujourd’hui, une exploitation agricole laitière typique de cette région est constituée d’un troupeau d’environ 50 vaches laitières (Normandes et Prim’Holstein), d’une trentaine d’hectares de prairies permanentes qui entoure le clos-masure. La culture du lin et la betterave sucrière restent des cultures de rente importantes, surtout le lin, culture typique de cette région.

Le maïs, introduit dans les années 70 et remplaçant les prairies temporaires, est désormais inclus dans la sole de ces éleveurs. Ce fourrage permet d’effectuer un ensilage hautement énergétique et facilement conservable à portée des étables, ce qui augmente ainsi notablement la production laitière des vaches qui en sont nourries. De même, l’introduction du soja outre-atlantique dans la ration des bovins, apporte un complément protéique et énergétique qui fera cracher du lait aux pis à quatre pattes. En parallèle, et à l’image de toute l’histoire agricole française, la course à la productivité est féroce et les disparitions des agriculteurs les moins performants provoque l’exode rural et l’agrandissement des exploitations et des parcelles. On voit donc apparaitre de très grands champs labourés dans le même sens, des cultures de maïs jusque sur les pentes des bassins versants, là où il y avait autrefois plus souvent l’arbre. Ce même maïs, laisse les champs nus lorsque les intenses pluies automnales arrivent. Enfin, l’intensification en intrant de la production agricole affaiblie la structure du sol qui en devient ainsi plus sensible à l’érosion. Tout ces phénomènes conjugués provoquèrent de nombreuses inondations et des coulées de boues. En effet, de longs labours dans le même sens sont des autoroutes où l’eau de ruissellement acquière une grande vitesse et emporte du sol. La disparition de l’arbre, naturel stabilisateur de sol et grand puiseur d’eau a augmente encore plus le phénomène. Enfin, un sol nu sur les pentes où arrivent ces eaux chargées de terre et qui n’ont rencontrés que peu d’obstacle expliquent l’ampleur de la perte de sol par érosion. Les agriculteurs ont vu alors “les pierres monter à la surface” de leurs champs sans réaliser que c’était leur sol qui foutait le camp…

Houston, on a du Maïs

Lorsque nous sommes arrivés dans cette zone, les collectivités locales ne pouvant remettre en cause le système productiviste, pratiquaient la technique du rafistolage pour éviter les phénomènes visibles des coulées de boues, le sommet de l’iceberg. Avec un succès limité, et à grand frais de bétonnage pour contrôler les couloirs majeurs d’écoulement, on tentait de calmer les caprices éternels de la nature.

mais2Zea Mays

Certains agriculteurs, parmi les plus engagés, pratiquent aujourd’hui une agriculture différente. Conscient de certain des problèmes cités ci-dessus et décidé à y faire quelque chose, ils se sont lancés il y a quelques années dans un système entièrement herbagé: plus de maïs, plus de soja. L’herbe a plusieurs avantages énormes, elle couvre d’abord le sol toute l’année, limitant ainsi l’érosion, fournit une alimentation de très bonne qualité pour les vaches qui fournissent en retour du lait particulièrement riche.

Problème, sans maïs, les niveaux de productivité sont beaucoup plus faibles en terme de litres de lait traits par vache. Donc qui dit moins de production, dit moins de revenu. Pas viable, point!

Produire moins pour vivre mieux

Persuadé également de cette logique implacable, notre frêle groupe d’élèves ingénieur que nous étions alors décida quand même (quel toupet!) d’évaluer concrètement l’efficacité économique de ce système où les vaches seraient nourries simplement à l’herbe, comme ça, juste pour voir…

Après moult calculs, les étonnants résultats arrivèrent. Un agriculteur gagnerait 10 000 Euros de plus par an en oubliant maïs et soja pour se mettre à l’herbe. Tout simplement, les économies gagnés en moindre consommation de maïs et de soja (chèrement importé du brésil) compensent largement les pertes en moindre production de lait. Ce bénéfice économique est a ajouter aux bénéfices difficilement mesurables, de vaches qui sont en meilleur santé car nourries avec une alimentation plus en accord avec la physiologie de la vache, de moindre érosion et de moindre travail.

Mais pourquoi un tel système n’est-il pas plus développé? Il y a pour cela plusieurs raisons. Tout d’abord, le résultat principal de cette étude est en totale opposition avec au moins un demi-siècle d’idéologie du productivisme où plus c’est toujours mieux. Pour beaucoup d’agriculteurs, il est contre intuitif de se dire que produire moins c’est gagner plus d’argent. Il est vrai que l‘économie de l’économie est encore loin d’être la règle. De plus, dans cette région, les institutions n’appuient pas ce genre d’initiative, où l’idéologie du productivisme et le lobby très puissant du maïs sont bien implantés. En conséquence, les agriculteurs trouvent également peu de techniciens qui sauraient les informer sur la bonne gestion des pâturages (équilibre entre les différentes espèces introduites, fertilisation, sur-semis…). Enfin, l’herbe n’étant pas soutenue par la PAC, au contraire du maïs qui est lui subventionné, le système herbagé, s’il est plus autonome, semble pour beaucoup d’agriculteurs un pari aventureux.

Conclusion

Pour moi, cette étude fut une vraie découverte, celle qui consistait à prouver que des modes de productions qui s’échappent du toujours plus peuvent être rentables et écologiques. Une politique publique de la décroissance est donc possible en appuyant ce type de changement. Si une moindre consommation signifie de meilleurs revenus, il est naturel que les producteurs s’y orientent. De mes expériences au contact des agriculteurs, je tendrais à croire qu’ils seraient les premiers ravis de ne plus être vu comme des pollueurs qui détruisent et méprisent la nature. Les publicitaires ne seraient aussi plus obligés de mentir, car les vaches seraient effectivement nourries à l’herbe.

Un autre résultat majeur est celui de constater que ces systèmes efficaces ne sont plus intensifs en intrants, mais en connaissance. L’économie de l’économie est une question de savoir-faire bien sur, mais aussi d’autonomie par rapport au savoir (observer, analyser, comprendre, résoudre). Il est clair que nos agriculteurs aujourd’hui ne sont pas choisis dans ce but, la société se contentant de travailleurs qui appliquent les systèmes techniques décidés par le haut.

Un dernier point qui est important également, est de savoir qu’en plus d’être un développement qui est positif au niveau de l’économie d’une exploitation individuelle, un tel projet correspond à un bénéfice net pour l’intérêt général de la nation.

Pour ceux qui aimeraient aller plus loin, je tiens à dire que cette étude, avec tous les détails techniques et économiques, est à libre disposition ici. On trouvera aussi des histoires semblables dans les livres d’André Pochon, un agriculteur breton qui après avoir réalisé les dérives du productivisme n’a cessé d’en montrer les contradictions et de proposer des alternatives. Enfin, sortira en Janvier un film documentaire “herbe” sur ces pratiques décrites plus haut. On y retrouvera notamment l’ami Pochon.


http://jardinons.wordpress.com/2008/11/23/decroissance-herbagere-en-pays-de-caux/

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Le lin dans la tourmente

23 Janvier 2009 , Rédigé par jr Publié dans #actualité agricole

Article paru dans l'édition du
Jeudi 22 Janvier 2009

Infos Nationales
Économie / Chute des prix et des achats chinois
Le lin dans la tourmente

 La demande en lin, qui a connu un boom depuis dix ans dans l'habillement, est réduite par la chute brutale des achats des filateurs chinois.

 L'interprofession des liniculteurs français a décidé, dès octobre 2008, une baisse des surfaces cultivées de l'ordre de 35% pour les semis 2009 afin d'enrayer la chute des prix et éviter des stocks excessifs.  C'est une inversion de tendance. Le lin a connu une embellie spectaculaire depuis une quinzaine d'années avec le transfert de la transformation en Chine. Les prix avaient baissé et le lin, jusqu'alors considéré comme un produit de luxe, était devenu bien plus accessible.  Mais les États-Unis, ...



 
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« La Politique agricole commune n'a plus de sens »

23 Janvier 2009 , Rédigé par jr Publié dans #Pac

Agriculture
vendredi 23 janvier 2009

Nicolas-Jean Brehon, professeur à la Sorbonne: « On détruit des petites et moyennes exploitations et on les remplace par des usines à lait avec 2 000 vaches ». : Ouest-France

Pour le spécialiste en finances communautaires, elle est devenue un objet de rancoeurs. Sa réforme menace les agriculteurs de l'ouest.

Entretien

 

Nicolas-Jean Brehon est professeur à la Sorbonne à Paris.

Dans un récent point de vue (1), vous évoquez une « PAC sans cap », pourquoi ?

Je veux dire par là que la Politique agricole commune ne sait plus trop où elle va. Cap c'est aussi un clin d'oeil à la Cap, la « Common Agriculture Policy » souvent critiquée par les Anglais. On vient de lui faire un bilan de santé comme si elle était rentrée dans la vieillesse avec, on peut l'imaginer, une issue fatale au bout. La Pac n'a pas bonne presse. En vingt ans, elle a coûté 1 000 milliards d'euros, c'est énorme.

En négociant l'entrée de dix nouveaux États membres en 2004, Jacques Chirac a obtenu que le budget de la Pac soit figé jusqu'en 2013. La France a reçu, depuis cette date, 100 milliards d'euros, certains de nos voisins ont du mal à l'avaler. La Pac est devenue une cible, un point de fixation de rancoeurs et de critiques.

La redistribution d'une partie des aides vers le développement rural et des systèmes plus extensifs ne va-t-elle pas dans le bon sens ?

Je ne suis pas favorable au passage des aides du premier pilier, celui de la production, à celui du développement rural parce qu'on perd du sens. Je préfère un petit budget, mais qui soit 100 % agricole et basé sur l'alimentation. Occupons-nous de l'agriculture et des agriculteurs, les paysages, c'est autre chose, ils dépendent des fonds structurels.

En plus, la redistribution des aides du premier vers le deuxième pilier est anéantie par la suppression des quotas. En ouvrant les vannes de la production, on élimine une Pac à la française avec des vaches dans les champs, on détruit des petites et moyennes exploitations et on les remplace par des usines à lait avec 2 000 vaches.

 

Vous dites que les agriculteurs qui touchent les aides Pac sont« doublement humiliés », pourquoi ?

La réforme de 2003 a été une catastrophe. La Pac n'a plus de sens car elle ne soutient pas la production, mais sert d'outil de redistribution des revenus aux agriculteurs. Ils ne peuvent pas vivre sans les subventions européennes, car les prix de leurs produits sont trop bas.

En moyenne, 90 % de leurs revenus nets en France dépendent des subventions. Le circuit de la fourche à la fourchette ne fonctionne pas. Les denrées payées au minimum aux producteurs sont toujours trop chères pour le consommateur final. Aujourd'hui, les paysans se sentent un peu abandonnés malgré les efforts du ministre Barnier. Il défend ce qu'il peut, mais il ne répond pas à l'inquiétude de la profession d'où l'on sent le malaise monter.

Comment voyez-vous l'après 2013 ?

Je suis assez pessimiste. Le poids de la Pac décline petit à petit alors que le nombre de pays qui en bénéficie augmente. Elle ne pèserait plus à terme qu'un tiers du budget européen contre 42 % aujourd'hui. Les premières discussions démarreront en 2010. Il n'y a malheureusement pas de leader agricole pour défendre la Pac comme il faudrait.

Les responsables actuels obéissent à une logique trop corporatiste. Il faudrait un meneur capable de renouer les fils entre les agriculteurs et la société, une sorte de José Bové « pro-Pac ». On doit mettre l'environnement au centre des débats et ne pas le considérer du coin de l'oeil.

En vingt ans, les paysans nourriciers sont devenus des agriculteurs pollueurs. C'est une faute politique collective. Pour renouer avec l'opinion, qui est la clé de sa survie, la Pac doit surtout s'occuper de l'alimentation et moins des grandes plaines céréalières et betteravières. Ce sera difficile, les éleveurs le savent bien.

 

Propos recueillis par Jean-Paul LOUÉDOC
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